Le gouvernement marocain est pris en tenaille entre un début de débat politique sur la légalisation de la culture du cannabis à des fins médicinales et les accusations de pays destinataires et de transit de la drogue marocaine, dont l’Algérie.
Le ministre de l’Intérieur marocain, Mohamed Hassad, a assuré mercredi que l’effort du gouvernement est porté sur la réduction des superficies de production de cannabis au moment où s’est installé un débat politique sur sa légalisation.
Mohamed Hassad a déclaré, lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre de la Communication et le ministre délégué à l’Intérieur : »Notre objectif à très court terme est de réduire ces superficies à moins de 30.000 ha cultivés. »
Pour rappel selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le royaume pays est le premier producteur mondial de cannabis, devant l’Afghanistan.
Pris en tenaille entre un début de débat politique sur la légalisation de la culture du cannabis et les accusations de l’ONUDC et de pays destinataires et de transit de la drogue marocaine, dont l’Algérie, le gouvernement de Abdelilah Benkirane a réagi vivement. « Le Maroc a toujours traité la question de la culture du cannabis avec transparence et détermination, loin de toute surenchère stérile », a ajouté le ministre de l’Intérieur marocain, qui réagissait, selon l’agence Maghreb Arabe Presse (MAP), »aux déclarations de responsables algériens sur la lutte anti-drogue ».
Le Maroc »a entrepris une démarche volontariste avec l’Office des Nations unies contre la Drogue et le Crime pour réduire progressivement la culture et le trafic du cannabis », a encore expliqué le responsable marocain. Une enquête menée conjointement avec l’ONUDC a permis d’évaluer, selon lui, les superficies cultivées en cannabis à 134.000 ha (2005, NDLR), ramenées aujourd’hui à 47.000 ha, soit une baisse de 65 % ».
Mohamed Hassad a également rappelé qu’au cours des six premiers mois de 2014, plus de 100 tonnes de résine de cannabis (chira) ont été saisies et que 98 réseaux de trafiquants ont été démantelés.
Faut-il légaliser le cannabis ?
La sortie du ministre de l’Intérieur marocain coïncide avec la publication du bilan de la lutte anti-drogue en Algérie. Selon l’Office algérien de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT), plus de 95 tonnes de résine de cannabis (chira) ont été saisies durant les six premiers mois de l’année 2014, en hausse de 36% par rapport à la même période en 2013. La quantité totale de drogue saisie est de 95,592 tonnes, contre 70,202 tonnes à la même période en 2013, a indiqué le directeur général par intérim de cet Office, Mohamed Benhalla.
Loin de ces chiffres alarmants pour les deux Etats (l’Algérie dénonce »l’invasion de la drogue marocaine »), certains partis politiques marocains tiennent compte du fait que la culture du cannabis fait vivre plus d’un million de familles marocaines des régions pauvres du Rif. Ces partis, dont le PJD (au pouvoir), n’hésitent plus à demander officiellement la légalisation de la culture du cannabis et l’instauration d’un débat parlementaire sur ce sujet.
L’Istiqlal, le plus vieux parti politique marocain a déjà proposé, fin 2013, un projet de loi dans ce sens, suivi et soutenu dans cette démarche par le Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM). Cette proposition voudrait que la culture du cannabis soit limitée à cinq régions : Al Hoceima, Chefchaouen, Ouazzane, Tétouan et Taounate, et qu’une agence étatique se charge d’en contrôler l’exploitation et la commercialisation.
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