Les souscripteurs au programme Logement promotionnel public (LPP) peuvent désormais bénéficier des produits de la finance islamique proposés par le Crédit Populaire d’Algérie (CPA), et ce à la faveur d’une convention signée lundi par cette banque publique avec l’Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI).
Cette convention a été signée par le Président directeur général (P-dg) de l’ENPI, Soufiane Hafedh et le P-dg du CPA, Mohamed Dahmani, en présence des membres du Comité Charia’a de la banque, des représentants de la Chambre nationale des notaires et des souscripteurs au programme LPP.
Dans une allocution prononcée lors de la cérémonie de signature, M. Hafedh a affirmé que cette convention permettra d’ouvrir de « nouvelles perspectives » en matière de prestations bancaires destinées au financement des logements, relevant que plusieurs clients « insistent » pour acquérir leur logements à travers une formule de financement conforme à la Chariaa.
Faisant état de plus de 10.200 souscripteurs n’ayant pas réussi à acquérir leurs logements faute de formule de logement adéquate, le P-dg de l’ENPI a appelé les souscripteurs concernés à se rapprocher rapidement des guichets de la CPA pour pouvoir bénéficier de leurs logements « prêts » dans les plus brefs délais.
Abordant le bilan du programme du LPP, M. Hafedh a fait savoir que le nombre de logements LPP attribués en 2020 s’élève à plus de 3.700 unités.
Ce chiffre est appelé à augmenter pour atteindre 12.400 unités en 2021, permettant ainsi de livrer la totalité du programme qui comprend un total de 44.058 unités.
Les autres formules de logements réalisées par l’ENPI sont, rappel-t-on, également concernées par les dispositions de cette convention.
Pour sa part, le P-dg du CPA, Mohamed Dahmani a affirmé que cette convention intervient pour répondre à la demande d’une large frange de la société, ce qui a amené la Banque à proposer des solutions qualitatives, adaptées aux aspirations des citoyens.
Il a ajouté que cette démarche s’inscrit dans le cadre de « la concrétisation de son plan stratégique visant à réaliser l’inclusion financière en se rapprochant du citoyen, d’autant qu’elle représente un outil efficace de financement de l’économie nationale, conformément aux orientations tracées par les autorités publiques ».
Le CPA avait bénéficié du certificat de conformité délivré par l’Autorité charaïque nationale de la fatwa pour l’industrie de la finance islamique en septembre 2020, avant l’obtenir l’agrément de la Banque d’Algérie pour la commercialisation des produits de la finance islamique.
16 guichets dédiés à la finance islamique ont été ouverts à ce jour au niveau des agences de la banque, selon M. Dahmani, affirmant que l’objectif est d’atteindre 100 guichets à la fin du 1 semestre 2021.
Une fatwa officielle autorisant la conversion des crédits usuraires en crédits islamiques
Les souscripteurs au programme LPP ont saisi cette occasion pour soulever leurs préoccupations relatives aux modalités d’octroi des financements islamiques et certaines craintes à ce sujet.
Mohamed Boudjelal, membre de l’Autorité charaïque nationale de la fatwa pour l’industrie de la finance islamique, a déclaré avoir demandé aux banques commercialisant les produits de la finance islamique, d’affecter des montants financiers à cette formule à même de concrétiser le principe d’autonomie totale entre les financements traditionnel et islamique, « ce à quoi le CPA a donné suite ».
Sur la possibilité aux souscripteurs de converser leurs crédits formulés selon le système traditionnel en crédits islamiques, M. Boudjelal a indiqué que l’Autorité a émis une fatwa autorisant cette opération qui a, en revanche, suscité des réactions mitigées de la part des banques en raison de « la difficulté de son exécution ».
Cependant, l’Autorité charaïque nationale a adressé une correspondance à l’Association professionnelle des banques et des établissements financiers (ABEF), comportant l’ensemble des orientations nécessaires relatives aux modalités de conversion du crédit usuraires en crédit islamique, a fait savoir M. Boudjelal qui a ajouté que le dossier est entre les mains des banques pour application sur le terrain.
Quant au président de l’Instance charaïque du CPA, Said Bouziri, il a mis l’accent sur l’engagement « du principe de graduation » dans le développement des services de la finance islamique, nécessitant un environnement « sain » à la faveur de la collaboration de tout un chacun.
Aussi, a-t-il préconisé la révision de loi sur les Sukuk et le soutien de la finance islamique par l’Etat dans les domaines du logement, de la fiscalité et d’assurance solidaire.
Le financement des logements via la formule islamique repose sur le principe de l’achat par la banque du logement auprès d’un promoteur immobilier avant de le revendre au souscripteur avec une marge bénéficiaire supplémentaire.