Dans cet entretien, M. Hamid Batata, directeur général de Sarens Algérie, filiale du groupe international Sarens, spécialisé dans le levage des équipements industriels, nous parle de son entreprise et de ses ambitions.
Maghreb Émergent : Sarens Algérie fête ses 17 ans d’existence. Pouvez-vous nous parler davantage de cette entreprise ?
M. Hamid Batata : Nous sommes une société de prestation de services spécialisée dans le levage et le transport exceptionnel. Nous travaillons surtout avec des EPC (grandes entreprises internationales) et quelques entreprises algériennes. Nous avons travaillé sur l’ensemble des projets structurants du pays.
Nous sommes une société à capitaux mixtes de droit algérien. Je pense qu’on est la seule entreprise de cette taille qui a quasiment 500 employés, tous des Algériens. Et ceci n’est pas venu tout seul. Je peux dire qu’on a réussi un véritable transfert de technologies.
Je pense, que tout citoyen à un rôle à jouer dans son pays. Il a des droits mais aussi des devoirs à assumer, et le devoir c’est d’être utile à la société.
Vous vous appuyez beaucoup sur le facteur humain. Vous pensez que c’est fondamental pour une entreprise qui se veut pérenne?
Avant, on devait faire venir notre mécanicien de Belgique, car notre métier était nouveau en Algérie. Aujourd’hui, nous intervenons sur tout le territoire national avec une main d’œuvre locale. Nous avons notre centre de maintenance ouvert depuis 2013 à Oran et nous allons en ouvrir un autre à Alger.
Nous avons signé un accord avec des centres de formation, et chaque année nous formons une trentaine de grutiers. Nous choisissons des diplômés des centres de formation professionnelle pour les former à notre niveau avec nos propres moyens. Après deux mois de stage théoriques et deux autres de pratiques, ces apprentis continuent leur formation sur le terrain pour apprendre toutes les phases du métier.
Le nouveau centre qui ouvrira ses portes prochainement aura une nouvelle mission qui sera d’intervenir aussi pour d’autres entreprises sur site, avec des camions de dépannage et des ateliers mobiles, etc.
Pouvez-vous nous en dire plus au sujet de ce nouveau centre de maintenance ?
Ce nouveau centre est installé à Oued Semar, à proximité de l’aéroport. Ce sera un centre de maintenance multidisciplinaire. Il servira à maintenir nos équipements dans différentes régions du pays. Mais la nouveauté dans ce centre, c’est qu’il va comprendre un centre de formation propre à notre entreprise. Il va couvrir éventuellement les besoins du marché national mais en même temps, nous allons être pourvoyeurs de notre main-d’œuvre pour le groupe à l’international.
A partir de 2021 nous allons fournir au groupe une main-d’œuvre algérienne qualifiée qui va intervenir au niveau international.
L’activité économique connaît actuellement un ralentissement dans presque tous les secteurs. Comment votre entreprise vit-elle cette situation ?
Dans notre métier nous intervenons dans de grands projets, mais depuis quelques années, les projets se font rares. Nous faisons de la résistance tant que nous pouvons. Notre priorité est de garder le cap en préservant nos emplois et nos acquis, car une capitalisation est un élément clef dans une entreprise.
Nous sommes impactés à presque 70% de notre chiffre d’affaires depuis 2018 à nos jours. Il y a d’un côté l’absence de la commande publique et de l’autre, la concurrence déloyale. Mais cette dernière est la plus gênante.
Qu’est-ce-que vous appelez « la concurrence déloyale » ?
Aujourd’hui, dans notre métier je dénonce la concurrence déloyale. Moi, en tant qu’entreprise qui investit des millions de dinars et qui emploie d’une façon pérenne des centaines d’employés, je n’ai pas les mêmes droits que mon concurrent étranger qui investit zéro dinar en Algérie. Lui a droit à l’importation temporaire (importations des équipements usagés). Par contre, moi, pour acquérir une grue de 600 tonnes je dois l’acheter neuve, ce qui me coûte cher. La loi n’est pas équitable sur ce point. Ceci nous a fait perdre des parts de marché et nous oblige à casser les prix.
D’après-vous, qu’est-ce qu’il faut changer pour espérer un meilleur climat des affaires et une réelle relance de l’économie du pays ?
Je veux parler de citoyenneté. C’est-à-dire que chacun doit jouer son rôle dans la société. Je pense que s’il y’avait 10 000 PME comme la notre, elles pourraient employer cinq millions de personnes.
Il faut encourager l’initiative et le partenariat pour créer de la richesse et l’emploi. En plus, ceci va aider les jeunes diplômés à rester dans leur pays pour le développer. Il faut essayer à chaque fois d’être utile.
S’il y a un message à faire passer c’est ; libérez l’initiative. Il y a des gens qui aiment leur pays. Ce pays nous appartient à tous.