La Fédération internationale des journalistes (FIJ), première organisation mondiale de la profession, a dénoncé à travers un article publié sur son site ce jeudi, un « contrôle politique continu des institutions de presse et leur dépendance éditoriale » en Algérie.
Elle a pointé du doigt les nombreux dépassements des autorités algériennes relatives à la liberté de la presse et d’expression.
Dans ce sens, la FIJ a rappelé l’incarcération de Khaled Drareni, correspondant de TV5 et fondateur du site internet Casbah Tribune depuis le 29 mars 2020, et les nombreuses intimidations dont ont fait l’objet nombre de journalistes.
Elle indique que certains sites d’informations restent bloqués et des mesures strictes ont été imposées aux administrateurs de pages d’actualités qui ont dû s’autocensurer.
« Le journal électronique satirique Al-Manshar a annoncé sa fermeture pour échapper à la répression et les deux sites d’information, Maghreb Émergent et Radio M ont été bloqués », écrit la Fédération dans son article.
La FIJ dénonce également la manière « obscure » dont le gouvernement contrôle la publicité publique, en soulignant l’ambiguïté et l’inégalité dans la distribution de cette publicité aux journaux.
La fédération s’alarme, aussi, d’une presse en déliquescence et de l’impact de la crise sur les travailleurs des médias. « Plus de 1000 journalistes algériens n’ont pas reçu de salaire depuis un an et d’autres risquent de perdre leur emploi », révèle la FIJ.
Elle note que depuis l’été 2019, de terribles crises ont éclaté au sein des chaînes de télévision privées, conséquences inévitables de l’émergence anarchique de ce type de médias lancés dès 2011 par des opérateurs privés.
Par ailleurs, la FIJ rappelle que lors de son discours d’investiture le 19 décembre 2019, le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait exprimé sa volonté de protéger et soutenir la liberté d’expression et la liberté de la presse.
A cet effet, la Fédération enjoint le gouvernement à réagir immédiatement en mettant en place des mesures concrètes pour soutenir le secteur et l’information.
Le Secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes, Anthony Bellanger, a déclaré :
« Nous espérons que le nouveau gouvernement algérien mettra en pratique les engagements qu’il a pris lors de son investiture et lors du processus de consultations pour réformer le secteur des médias, afin de soutenir l’indépendance de la presse, la sécurité financière et physique des journalistes et éviter toute ingérence politique dans les lignes éditoriales. Le manque d’empressement dans la gestion de la crise de la presse et le vide législatif et organisationnel qui ne respecte pas les normes internationales relatives à la liberté de la presse et à la liberté d’expression semblent indiquer que le gouvernement a pris la décision d’éliminer le secteur de la presse en Algérie ».