Les Etats-Unis, la France et quatre autres pays ont exigé lundi le retrait des forces du général Khalifa Haftar des terminaux pétroliers dont elles se sont emparées au cours du week-end en Libye au détriment des troupes fidèles au gouvernement reconnu par les Nations unies (Gouvernement d’entente nationale, GEN).
« Nous appelons toutes les forces militaires qui ont pénétré dans le croissant pétrolier à se retirer immédiatement, sans condition préalable », déclarent dans un communiqué les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et la Grande-Bretagne.
Les forces de Khalifa Haftar ont pris au cours du week-end les terminaux de Ras Lanouf, Es Sider, Zoueïtina et Brega.
Elles n’ont guère rencontré de résistance en chassant la Garde des installations pétrolières (Petroleum Facilities Guard, PFG) d’Ibrahim Djathran, qui avait conclu un accord en juillet dernier avec le GEN pour mettre fin à trois ans de blocus des terminaux de Ras Lanouf, Es Sider et Zoueïtina.
A la tête de l’autoproclamée « Armée nationale libyenne » (ALN), le général Haftar refuse de prêter allégeance aux forces qui se sont rangées derrière la bannière du GEN. Il n’est cependant pas exclu que le GEN cherche à passer un accord avec lui, à l’image du pacte conclu avec le PFG qui a permis le redémarrage des exportations de pétrole.
Dans un communiqué diffusé dimanche, l’ALN a promis d’autoriser la NOC (National Oil Corporation), la compagnie nationale pétrolière libyenne, à reprendre ses opérations sur les terminaux et à ne pas intervenir dans les activités d’exploitation et d’exportation.
« Escalade injustifiée »
Mis en place en mars à Tripoli, le GEN doit mettre fin à la partition de la Libye entre Est et Ouest, mais il n’a toujours pas la confiance de certaines tribus de l’est du pays. A Tripoli et dans l’ouest du pays, Khalifa Haftar est vu comme un nouveau dictateur, cinq ans après la chute de Mouammar Kadhafi, mais en Cyrénaïque (Est), il est devenu une figure politique importante.
Des sources locales expliquent la facilité avec laquelle les troupes de Haftar ont pris les terminaux par le fait qu’Ibrahim Djathran a perdu beaucoup de soutiens en acceptant de collaborer avec le GEN.
Si l’ALN parvient à conserver le contrôle des installations pétrolières, les groupes armés de l’Est pourraient tenter à nouveau d’exporter le pétrole libyen indépendamment de la NOC, qui siège à Tripoli. Mais les précédentes tentatives consistant à exporter le pétrole via Benghazi ont été bloquées par la communauté internationale.
Quant à un accord entre l’ALN et la NOC, il devra être validé par le Conseil présidentiel, qui chapeaute le GEN. Or le général Haftar compte des ennemis au sein de ce conseil de neuf membres qui a réagi dimanche à l’attaque des terminaux en dénonçant une « escalade injustifiée ».
Le retour au sein du Conseil présidentiel d’Ali Gatrani, un représentant de l’est du pays qui avait suspendu sa participation pendant des mois, ouvre toutefois une brèche pour Haftar et ses alliés.
Par le passé, les brigades de l’Est ont toujours refusé de rejoindre le GEN tant qu’elles n’obtiendraient pas une plus grande représentation, des garanties sur le commandement de l’armée et la relocalisation du siège de la NOC à Benghazi, la grande ville de l’Est libyen.
« Ce sont des accords politiques, et non pas des conflits, qui doivent déterminer l’avenir de la Libye », soulignent les Etats-Unis et les pays européens dans leur communiqué. « La création d’une force de sécurité nationale unifiée et efficace sous l’autorité du Gouvernement d’entente nationale constitue le meilleur espoir de la Libye de protéger les ressources du pays dans l’intérêt de toute sa population. »