Les tentatives de rapprochement entre Tripoli (al-Sarraj) et Tobrouk (Haftar) restent sans lendemain. Au sud, c’est la guerre à outrance pour le contrôle des bases militaires. Au moins 60 morts. Le bilan risque d’être beaucoup plus lourd.
Au moins 60 personnes, dont des civils, ont péri jeudi dans des affrontements aux abords de la base aérienne de Brak Al Chati, dans le sud de la Libye. Les affrontements opposent les forces de l’Armée nationale libyenne (ANL), basée dans l’est du pays et que dirige le général Khalifa Haftar et des combattants d’une faction rivale.
La bataille s’est déroulée autour d’une base aérienne tenue par les forces du général Haftar qui cherchent à étendre leur influence au sud au détriment du gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli.
Le bilan pourrait être plus lourd. Selon le maire de Brak Al-Shati, Ibrahim Zemmi, 74 éléments de la 12ème brigade de l’ANL ont été tués et dix-huit autres blessés. Un porte-parole de la brigade cité par Reuters évoque 86 morts dont des membres de la brigade et des civils. Le site Libyan Herald parle même de 130 morts parmi les troupes de Haftar dont certains « exécutés ».
Un porte-parole de « troisième force » de Misrata, Mohamed Gliwan a indiqué qu’ils ont attaqué la base en raison de « des mouvements suspects » à l’intérieur. Cette base, a-t-il indiqué, est devenue menace. « Nous avons détruit toutes les forces à l’intérieur » a-t-il indiqué selon Reuters.
Guerre civile
Malgré la rencontre entre Haftar et Al-Sarraj au cours de laquelle ils avaient convenu de calmer la situation dans le sud, la tension est montée crescendo avec une multiplication des accrochages entre les forces du général Haftar et les groupes qui soutiennent les autorités en place dans la capitale Tripoli.
Outre Brak Al Chati, la base de Tamanhent, près de la ville de Sabha -600 km au sud de Tripoli – a connu des tensions et des accrochages. Les forces du général Haftar ont bombardé la base aérienne de Tamenhant et ont décidé d’engager une offensive terrestre pour prendre le contrôle du site militaire.
Le chef du gouvernement libyen d’union nationale (GNA, Fayez Al-Sarraj a appelé dimanche dernier à une « intervention urgente » de la communauté internationale pour mettre fin à l’escalade militaire dans le sud libyen, mettant en garde contre une « guerre civile »,.
« Nous vous demandons de prendre une position ferme et décisive vis-à-vis de cette escalade et nous appuierons toutes les décisions à même de rétablir la sécurité et la stabilité en Libye », a écrit Fayez al-Sarraj dans sa lettre adressée notamment à l’Union européenne, l’ONU et la Ligue arabe.
M. Sarraj a appelé à une « intervention urgente » de la communauté internationale « pour mettre fin à la détérioration de la situation dans le sud libyen », sans préciser le caractère de l’intervention voulue.
« Cette escalade soudaine et injustifiée (…) met le pays au bord de la guerre civile » et risque de « saborder le processus politique », a averti M. Sarraj. Dénonçant l’attaque, le GNA avait annoncé une contre-offensive pour chasser l’ANL du sud, confirmant ainsi pour la première fois un affrontement direct avec les forces de Haftar.