Libye - Les parlements de Tobrouk et Tripoli signent un accord politique déjà contesté - Maghreb Emergent

Libye – Les parlements de Tobrouk et Tripoli signent un accord politique déjà contesté

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Des représentants des deux Parlements rivaux de Libye se sont retrouvés jeudi au Maroc, pour signer un accord de sortie de crise qui dure depuis plus de trois ans.

L’accord a été signé à Skhirat (environ 30 km au sud de Rabat), par les représentants de l’ensemble des parties prenant part au dialogue inter-libyen, qui se déroule sous les auspices de la mission des Nations Unies d’appui en Libye (Manul). L’accord stipule la création d’un gouvernement d’union nationale, la reconnaissance d’un seul Parlement et la création d’un conseil d’Etat.
La signature de cet accord vient couronner un effort de près d’un an de rencontres marathoniennes et de négociations intenses tenues sous l’égide de la Manul. Il constitue un pas historique et décisif pour l’avenir de la Libye sur la voie de sortir le pays des ténèbres d’un conflit armé et politique de plus de 3 ans aux lourdes conséquences économiques et sociales.
En effet, la Libye est tombée juste après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011. Depuis un an et demi, deux autorités rivales, dont une basée à Tripoli, se disputent le pouvoir, et l’émergence du groupe extrémiste Etat islamique (EI) a encore accru l’instabilité. Le pays compte actuellement deux gouvernements et Parlements rivaux : l’un à Tripoli et l’autre à Tobrouk.
Selon le ministre espagnol des Affaires étrangères et de la Coopération, José Manuel Garcia Margallo, qui assistait à la cérémonie de signature, l’étape suivante sera l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité reconnaissant et soutenant ce gouvernement en tant qu’unique représentant des Libyens. Le représentant permanent de l’Espagne auprès du Conseil de sécurité travaille sur un projet de résolution à ce sujet, a indiqué M. Margallo. Cette résolution permettra au gouvernement libyen de centrer ses efforts pour le contrôle du territoire, la lutte contre le terrorisme et l’émigration illégale, tout en relançant l’économie du pays affecté par la guerre, a souligné le ministre espagnol.

Un accord loin de faire l’unanimité

Cependant, l’accord est loin de faire l’unanimité et sa mise en oeuvre s’annonce compliquée, vu qu’il a été rejeté par les chefs des deux Parlements rivaux et par les tenants de la ligne dure dans les deux camps. En effet, la signature de cet accord intervient au moment où les présidents des deux Parlements rivaux ont rejeté mardi l’accord de paix proposé par l’ONU. Pour le président du Congrès national général (CGN, Parlement de Tripoli)), Nouri Abou Sahmein, un tel accord n’aura aucune légitimité. Le gouvernement tel qu’il est proposé par l’ONU “ne fait pas l’objet d’un consensus et ne garantit même pas le minimum requis pour garantir son efficacité”, a-t-il expliqué. M. Abou Sahmein avait rencontré mardi à Malte Aguila Saleh, président du Parlement rival, pour la première fois depuis l’établissement en août 2014 d’un pouvoir parallèle à Tripoli, à la suite de la prise de la capitale par une coalition de milices, Fajr Libya. Lors d’une conférence de presse conjointe, ils avaient affirmé que ceux qui signeraient l’accord de jeudi ne le feraient qu’à titre de membre de leur Parlement respectif et non pas de représentant officiel.
Par ailleurs, l’émissaire de l’ONU pour la Libye Martin Kobler a souligné mercredi soir, qu’une levée de l’embargo sur l’armement dans ce pays requiert un seul gouvernement, lors d’une rencontre avec le chef de l’armée du gouvernement libyen reconnu, Khalifa Haftar, selon une source militaire citée jeudi par des médias. “Une levée de l’embargo sur l’armement requiert un (seul) gouvernement et à ce stade il y a deux gouvernements dans le pays”, a dit M. Kobler lors de sa rencontre avec le général Haftar à El-Marj (80km à l’est de Benghazi) dans l’est de la Libye. “Les combats entre milices doivent cesser et le rôle de l’armée doit être renforcé” pour pouvoir ensuite combattre ensemble le terrorisme et cela nécessite davantage d’armements ce qui, selon M. Kobler, ne peut pas se faire sans un gouvernement d’union.

 

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