Malgré « l’unité d’objectif » de la communauté internationale, les divergences d’intérêts entre les factions libyennes et leurs alliés régionaux respectifs restent fortes, estiment des analystes italiens.
« Jusqu’à présent, les négociations de paix en Libye ont été menées uniquement par les Nations unies (ONU) », indique Gabriele Iacovino, coordinateur des analystes pour le Centre d’études internationales, basé à Rome.
Les représentants de 17 pays et de 4 organisations internationales se sont engagés dimanche à soutenir les factions rivales de Libye, qui ont accepté de signer un accord soutenu par l’ONU pour former un gouvernement d’union nationale.
Le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, et le secrétaire d’État américain, John Kerry, ont co-présidé cette réunion de haut niveau, en présence de l’envoyé spécial de l’ONU en Libye, Martin Kobler.
Un tel changement de position de la communauté internationale, assorti de la signature de cet accord de paix, pourra-t-il réellement mettre fin à la guerre civile qui fait rage depuis quatre ans en Libye ?
« Transformer cette unité d’objectifs et de bonnes intentions en résultats concrets restera un problème, parce que tous les principaux obstacles à une pacification réelle subsistent sur le terrain », a déclaré M. Iacovino.
Il n’est pas encore clair si l’accord qui serait signé le 16 décembre serait différent de celui soutenu par les Nations unies jusqu’à novembre, a précisé cet expert.
Depuis 2014, la Libye est divisée entre deux administrations, la Chambre des représentants basée à Tobrouk dans l’Est du pays, et l’Assemblée nationale générale basée à Tripoli.
Par ailleurs, la progression de l’État islamique (EI) dans les régions côtières du pays, et en particulier dans la ville de Syrte, a soulevé des inquiétudes majeures au sein de la communauté internationale.
« Cet accord pour un gouvernement d’union nationale risque de rester un simple bout de papier », a déclaré à Xinhua le correspondant spécial pour le quotidien Il Sole 24 Ore, Alberto Negri.
« Il est difficile de croire que les députés libyens qui signent l’accord soutenu par l’ONU mercredi seront capables de former un gouvernement dans les 40 jours, comme il est préconisé, et de le déplacer à Tripoli », a-t-il estimé.
Les deux experts ont souligné que les puissances régionales derrière les factions libyennes en conflit avaient des intérêts divergents.
De ce fait, la réconciliation pourrait dérailler même après la formation d’un gouvernement d’union nationale.
« Je ne vois pas pourquoi ces intérêts disparaîtraient simplement », a déclaré M. Negri.
« Un accord de gouvernement d’union nationale serait très désirable pour les Libyens, cependant les acteurs régionaux restent sur leurs positions et alimentent les factions armées en Libye, car personne ne les empêche vraiment de le faire », a-t-il dit.
Les Libyens, qui ne veulent pas faire de compromis pourrait être une minorité, mais ils auraient encore des armes, et le pouvoir de décider de ce qui se passe sur le terrain, a dit l’expert.
M. Iacovino a affirmé que le processus politique est en effet une partie seulement de la crise libyenne. « La Libye ne manque pas seulement d’un gouvernement d’unité, mais aussi de toutes les structures institutionnelles d’un État unifié. Cela signifie que le processus politique doit se dérouler en parallèle avec une stabilisation, » a-t-il dit.
La présence de l’EI en Libye a été un facteur majeur de déstabilisation. Le groupe a été soupçonné d’avoir 2.000 à 3.000 combattants dans le pays, selon un rapport des Nations Unies présenté au Conseil de sécurité le mois dernier.
Cela représente non seulement des menaces terroristes, mais aussi de l’influence sur le processus de réconciliation.
« Les extrémistes à l’intérieur ont été présents pendant un temps assez long dans divers domaines en Libye. Si l’EI commence à recruter, nous pouvons prévoir qu’ils le rejoindraient facilement », a expliqué M. Negri.
M. Iacovino a déclaré néanmoins que l’accord qui devrait être signé mercredi serait un point de départ, « un cadre dans lequel les négociations doivent continuer. » Mais, cet accord n’a pas été signé mercredi à Skhirat, au sud de Rabat.
« La Libye dispose de nombreuses ressources qui sont, contrairement à l’Irak, réparties en parts égales entre les trois principales provinces du pays. Cela signifie qu’un partage en parts égales des pouvoirs et des richesses entre les entités autonomes, dans un pays.