La journaliste Souhila Benali a reçu une notification lui signifiant qu’elle a commis une faute de catégorie 4 passible de licenciement immédiat. Elle a 48 heures pour se défendre. Sa participation aujourd’hui au CPP aurait provoqué son licenciement immédiat.
Le talk hebdomadaire libre de journalistes, le Café Presse Politique (CPP) se déroule ce jeudi matin sans son animatrice Souhila Benali convoquée par l’administration de la Radio chaine3 pour recevoir une seconde notification lui signifiant qu’elle a commis une faute de catégorie 4 passible de licenciement immédiat. Le motif de cette mesure est bien sûr sa participation à l’émission vedette de RadioM, le CPP, qu’elle anime depuis février 2014. Le CPP est né lors de la campagne des présidentielles de 2014. Il déroule tous les jeudi matin en direct sur RadioM, la webradio liée au journal électronique Maghreb Emergent, l’actualité politique de la semaine. Il s’agit d’un espace d’expression libre et bénévole. Souhila Benali l’anime au titre de journaliste politique de radio au long cours. Elle est employée à la radio publique depuis 23 années. Journaliste de desk, présentatrice de journal parlé, grand reporter, présentatrice des premiers journaux télévisées de Canal Algérie, Souhila Benali était professionnellement marginalisée. Elle a choisit de mettre son talent au service de ce nouvel espace, le CPP, qui permet de décrypter sans langue de bois les faits majeurs de l’actualité politique au profit d’un public d’internautes qui n’a pas cessé de grandir depuis une année. Les extraits vidéo du CPP, par exemple, affichent des vues par des centaines de milliers chaque semaine.
Un choix discrétionnaire
Souhila Benali s’est conformée aux textes internes de la radio publique. Sa participation bénévole à une émission hebdomadaire sur une webradio, n’est ni un travail rémunéré ni une aide à un média concurrent. Interpellé à plusieurs reprises en 2014 sur sa présence au CPP, elle a expliqué par courrier sa situation et sa participation a finalement été tolérée, compte tenu de l’absence de textes qui interdisent explicitement une telle participation. En retour, la journaliste était mise au placard à la Chaine3. Des reportages radiophoniques qu’elle a produits cette dernière année ont été interdits de diffusion. La procédure de licenciement lancée cette semaine met brutalement un terme à ce statu quo. Elle est clairement motivée par le caractère indépendant et libre de ton du CPP qui aborde toutes les questions que se posent les algériens sur leur gouvernance. Les journalistes du CPP sont solidaires avec leur collègue dans cette épreuve. Ils se mobilisent avec les autres professionnels de la presse pour hâter l’émergence des radios indépendantes. Des dizaines de journalistes des radios et télévisions publiques collaborent à des chaines privées. Les réseaux du pouvoir décident de manière discrétionnaire qui est toléré de le faire et qui en est interdit.