SLC, Anwarnet et Icosnet, trois fournisseurs d’accès à internet, accusent l’ARPT de ne pas appliquer le décret exécutif 02-156 fixant les conditions d’interconnexion des réseaux et services de télécommunications afin de permettre à AT d’exercer un monopole dans la tarification des liens d’interconnexion et location de capacité.
Les patrons des trois opérateurs alternatifs SLC, Anwarnet et Icosnet montent au créneau pour dénoncer le retour au monopole dans la téléphonie filaire. Dans une rencontre avec la presse nationale, tenue avant-hier au Sofitel d’Alger, les représentants de ces trois opérateurs ont lancé l’alerte sur les agissements de l’ARPT qui fait bénéficier l’opérateur Algérie Télécoms (AT) de traitements de faveur en violant les textes réglementaires en vigueur.
Ils accusent le régulateur de ne pas appliquer le décret exécutif 02-156 fixant les conditions d’interconnexion des réseaux et services de télécommunications afin de permettre à AT d’exercer un monopole dans la tarification des liens d’interconnexion et location de capacité. Publié le 09 mai 2002 au Journal officiel, ce décret oblige le régulateur à ne valider que les tarifs qui ont été établis selon les coûts réels. « Ce texte n’a jamais été appliqué par l’ARPT, laissant le champ libre à l’opérateur historique pour nous imposer des tarifs de liens dix fois supérieures aux coûts réels. C’est inadmissible de la part d’une autorité totalement autonome dont les décisions ne sont soumises à aucun contrôle », a indiqué Lotfi Nezzar, le directeur général de SLC.
Appliquer la loi
« L’ARPT qui a abandonné les opérateurs alternatifs, a décidé de ne s’occuper que de la téléphonie mobile. Alors que son rôle consiste à réguler pour stimuler l’usage d’Internet et non pas le contraire. Elle devrait appliquer la loi pour minimiser les coûts payés par ceux qui louent les liens d’AT et garantir ainsi une concurrence saine entre différents fournisseurs des services d’Internet » a-t-il ajouté.
Les trois orateurs ont insisté sur l’urgence d’appliquer le décret 02-156 afin de lever la grande menace qui pèse sur la productivité et l’équilibre financier de leurs compagnies. Dans le communiqué remis aux journalistes, les premiers responsables de ces opérateurs estiment que le monopole d’AT « s’inscrit en faux aussi bien par rapport à la déclaration de politique sectorielle des TIC telle que définie par le président de la république en 1999 mais aussi par rapport à la loi 2000-03 qui définit dans le détail les missions, objectifs, et rapports qui devraient exister entre les différents acteurs du monde des TIC ».
Survie
Fadi Gouasmia, général manager d’Anwarnet a affirmé que son entreprise a pu survivre jusqu’aujourd’hui mais son avenir risque d’être sombre à cause de l’attitude du régulateur. « Malgré la disparition d’une centaine de providers d’Internet, nous avons pris le risque d’investir en l’absence d’une concurrence saine et de politique de tarification des liens basée sur des coûts réels et non pas sur la masse salariale et les biens immobiliers de l’opérateur prestataire. Aujourd’hui, l’opérateur historique nous fournit des liens d’accès à Internet à des tarifs les plus élevés au monde. Ce qui nous a mené vers un environnement télécom pourvu de beaucoup de technologies et d’un monopole de l’opérateur historique» a-t-il dit.
Par ailleurs, Ali Morsli, le directeur général d’Icosnet a indiqué que l’ARPT protège AT en lui permettant de conserver sa position monopolistique les services Internet destinés au grand public. « L’ARPT nous prive du droit d’investir dans ce domaine et nous oblige à accepter les tarifs de l’opérateur historique » a-t-il affirmé. En définitive, les trois opérateurs alternatifs veulent durcir leur mouvement de contestation et aller au-delà de cette nouvelle bataille médiatique. « Nous allons saisir la justice pour obliger le régulateur à appliquer la loi » a affirmé le premier responsable de SLC.