L’année 2024 confirme la position dominante de l’Italie comme principal partenaire économique de l’Algérie, une transformation majeure des équilibres économiques en Méditerranée qui s’illustre par des investissements massifs et une diversification sectorielle sans précédent.
En février 2024, l’Algérie et l’Italie ont renforcé leur coopération sécuritaire par un accord modernisant le cadre établi en 1999. Cette évolution répond aux défis contemporains en ciblant la lutte contre la criminalité transfrontalière, le trafic de stupéfiants, la cybercriminalité et la migration clandestine.
Le méga-projet agricole de Timimoun représente l’un des investissements phares de 2024, avec une enveloppe de 420 millions d’euros. Ce projet ambitieux s’étend sur 36 000 hectares destinés aux céréales et légumineuses, générant la création programmée de 6 700 emplois sur la période 2024-2028. L’initiative s’inscrit dans le cadre plus large de la « Fondation Mattei Afrique » et vise à renforcer l’autosuffisance alimentaire de l’Algérie.
Un hub énergétique méditerranéen en construction
Le secteur énergétique demeure la pierre angulaire de cette coopération bilatérale, avec des développements majeurs qui redessinent la carte énergétique méditerranéenne. L’Algérie assure désormais 40% de la consommation italienne en gaz, une position renforcée par la signature d’accords stratégiques entre Sonatrach et ENI. Le projet de second gazoduc GALSI, relancé en janvier 2023, est désormais orienté vers le transport d’hydrogène vert et d’ammoniac. En parallèle, le projet SoutH2 corridor positionnera l’Algérie comme fournisseur majeur d’hydrogène pour l’Europe.
Un nouveau câble sous-marin de transport d’électricité est également en développement entre les deux pays. Ces initiatives s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à créer un hub énergétique méditerranéen, contribuant à la fois à la sécurité énergétique européenne et à la transition écologique.
Le secteur automobile n’est pas en reste. Le groupe Stellantis, via sa marque Fiat, a concrétisé son implantation avec la sortie de la première Fiat 500 “made in Algeria” en décembre 2023. Le projet est structuré autour d’une production annuelle de 90 000 véhicules et prévoit la création de 2 000 emplois d’ici 2026. Le taux de localisation dépassera 30%, tandis que la gamme s’étendra avec la production exclusive de la Panda hybride en Algérie.
Des échanges commerciaux en forte progression
Les chiffres témoignent de cette dynamique exceptionnelle. Les échanges commerciaux ont atteint 20 milliards d’euros en 2022, comparés à 8 milliards l’année précédente. Cette progression surpasse largement les échanges franco-algériens qui s’élèvent à 11,8 milliards d’euros. La France se trouve désormais reléguée au troisième rang des investisseurs étrangers, derrière les États-Unis et l’Italie.
Cette transformation des relations économiques algéro-italiennes s’appuie sur un engagement politique fort, régulièrement réaffirmé par la Première ministre Giorgia Meloni. Sa vision stratégique, matérialisée par le Plan Mattei pour l’Afrique, dépasse le cadre strictement économique pour englober des enjeux géopolitiques majeurs, notamment le dialogue sur le Moyen-Orient et le rôle croissant de l’Algérie au Conseil de sécurité des Nations unies.
La montée en puissance de l’Italie en Algérie marque ainsi une reconfiguration profonde des alliances économiques méditerranéennes. La stratégie italienne, combinant investissements massifs, diversification sectorielle et engagement diplomatique soutenu, a définitivement modifié les équilibres traditionnels, faisant de Rome le partenaire privilégié d’Alger dans la région.
L.N