Le Maroc, classé à la 91eme place en 2013, remonte dans le classement de Transparency International en 2014 à la 80eme place. Pour autant, Transparency Maroc estime que l’Etat doit faire plus d’efforts pour endiguer ce fléau.
Dans son rapport 2014 rendu public ce mercredi, Transparency International donne au Maroc la note de 39 sur 100, ce qui lui permet de se classer à la 80eme place sur 175 pays. Mais, en termes de points, Rabat n’a engrangé que deux unités par rapport à 2013. »Ces résultats ne doivent conduire à aucune conclusion hâtive », tempère la section marocaine de Transparency, qui estime dans un communiqué que »notre pays stagne toujours dans une corruption endémique et généralisée. Il est devancé dans ce classement par 13 pays africains et 8 pays de la région MENA ». Pis, selon Transparency Maroc, »l’inaction de l’Etat et surtout les régressions que nous enregistrons durant ces derniers mois (…), laissent entrevoir peu de perspectives encourageantes dans le combat contre la corruption, du côté des acteurs officiels ».
Les arguments du Gouvernement
Pourtant, le gouvernement, dirigé par le Parti Justice et Développement (Islamiste modéré) affirme que des efforts importants sont déployés en matière de lutte contre la corruption, dont une hausse remarquable des affaires liées à ce fléau traitées par la justice. Le porte parole du gouvernement et ministre de l’information Mustapha El Khalfi a indiqué ainsi que » le nombre d’affaires en justice relatives à la corruption a atteint 8.597 en 2013 ». Des affaires, qui ont donné lieu à la poursuite en justice de 8.695 personnes. Il a précisé en outre qu’un système administratif et électronique a été mis en place et destiné »à traiter les dénonciations par les citoyens de pratiques liées à la corruption ». Ce système a permis, rien qu’en 2012, de réceptionner et de traiter pas moins de 9.000 dénonciations.
Les murs ont des oreilles
Au Maroc, la corruption est banalisée avec les dénonciations quotidiennes, notamment à travers des vidéos mises en ligne sur les réseaux sociaux ou Youtube, mettant en action des agents de l’administration ou des services de police percevant des pots de vin. Le mal est, pourtant, combattu d’une manière singulière par le ministre de la Justice, Mustapha Ramid, qui avait annoncé en janvier dernier un système original: traquer la corruption et les corrupteurs par un simple coup de téléphone. Il s’agit, selon M. Ramid, d’une ligne téléphonique gratuite qui sera confiée à des hauts cadres relevant de la Direction des affaires pénales et de grâce. »Les appels les plus convaincants auront la chance d’être suivis par le Parquet général’’. Sur la base du rapport 2013 de Transparency Maroc, le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane avait annoncé sa détermination de ‘’prendre d’urgence les décisions efficientes pour lutter contre le phénomène de la corruption’’. Il ajoute en outre qu’en tant que ‘’gouvernement responsable, on doit admettre que notre pays n’a pas réalisé les progrès escomptés en matière de lutte contre la corruption (…)’’.
Maghreb à la traîne
Transparency Maroc a renouvelé par ailleurs son »appel aux pouvoirs publics à engager une véritable politique de lutte contre la corruption, loin de toute surenchère politicienne », et salue en même temps »le travail de la société civile engagée dans la lutte contre la corruption » et renouvelle »sa totale solidarité avec les associations qui font l’objet de mesures illégales d’interdiction ». L’Algérie a été classée en 2014 à la 100e place (36 pts), perdant 6 places, au moment où la Tunisie a perdu 2 places, passant de la 77éme position en 2013 à la 79 eme position en 2014. La Libye a été classée de son côté à la 166eme position (172 me en 2013) et la Mauritanie à la 124eme place (119e en 2013). Comparativement aux pays du Maghreb, l’Egypte se classe à la 94e place, l’Arabie Saoudite à la 5e place et le Qatar par exemple à 26e place.