Evoquant les directives de la Banque d’Algérie sur le flux des investissements vers l’extérieur et la création des filiales à l’étranger, le PDG de Humilis Finance a déploré que ce sujet n’ait pas été traité au moment où le prix du pétrole était à 150 dollars.
Le PDG de Humilis Finance Lyès Kerrar, qui était hier « L’invité du Direct » sur Radio M, est revenu sur les déclarations du gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal, lequel a évoqué, le 15 novembre dernier, « la mise en place, durant le premier semestre 2017, d’un marché à termes des devises pour contrecarrer les risques de change. « Je ne vois pas les outils pour un marché des changes à terme car cela veut dire que la Banque d’Algérie doit vendre des devises avec un taux fixé dès aujourd’hui sur six mois. Je n’ai pas encore entendu cette formule », a-t-il commenté. Et de poursuivre en rappelant que le dinar s’est déprécié et que les acteurs économiques s’attendent à une autre dépréciation.
Au sujet des décisions prises concernant le rapatriement des devises, M. Kerrar pense qu’elles ne traduisent pas une volonté de créer les conditions propices pour exporter. Dans tous les cas, selon lui, les réglementations ne suffisent pas pour que l’entrepreneur réalise son business plan à l’extérieur.
L’exemple du déploiement des banques marocaines dans certains pays d’Afrique
Cette question a été aussi abordée par l’invité de Radio M. lorsqu’il est revenu sur la première édition du Forum d’investissement et d’affaires d’Alger, organisé il y a quelques jours et dont ne peut pas dire qu’il a été couronné de succès. Il a souligné que l’un des dossiers examinés lors de cette rencontre a été, justement, le développement des banques pour permettre aux entreprises algériennes d’investir à l’étranger, à l’instar de ce que nous enseigne l’exemple marocain avec la permission donnée aux banques marocaines de créer des succursales dans d’autres pays du continent.
Le PDH de Humilis Finance a, cependant, souligné, que la donne est différente pur l’Algérie car 90% des actifs appartiennent à des banques publiques. Cela ne l’empêche pas de dire, a-t-il précisé, que nos banques devraient s’installer en Afrique même si certaines ont déjà des participations dans des banques en Europe sans que cela ne se transforme en un levier pour l’activité des entreprises à l’étranger : « La priorité est d’avoir des banques privées en Algérie car on en a besoin dans le paysage bancaire algérien. »
Pour rappel, lors de ce rendez-vous africain d’Alger, il a été suggéré que l’Algérie rachète des banques africaines pour s’installer en Afrique même si le contre-exemple chinois enseigne qu’il n’y a pas forcément besoin d’une banque qui précède les investissements.
« Le débat sur le fonds souverain algérien est caduc »
Appelé à commenter des suggestions d’acheter des participations dans Eco Bank, l’invité de Radio M a insisté sur le fait qu’il faut en faire un levier pour développer les activités, se demandant si c’est le rôle de l’Etat algérien ou des banques privées.
A propos des fonds d’investissent, M. Kerrar a souligné qu’ils existent aussi en Algérie mais que pour développer les opportunités d’affaires, « il faut les conditions pour que les gens puissent aller sur le marché concurrentiel africain à armes égales » : « Il faut pouvoir exporter les capitaux, ce que la législation ne permet pas de faire même s’il y a le précédent Cevital qui n’est pas adapté à toutes les entreprises. » Et d’ajouter que ces dernières doivent être rassurées sur cet aspect.
Estimant qu’en l’état actuel des réserves de change, le débat sur la création d’un fonds souverain est caduc, il a déploré en évoquant les directives de la Banque d’Algérie sur le flux des investissements vers l’extérieur et la création des filiales à l’étranger que ce sujet n’ait pas été traité au moment où le prix du pétrole était à 150 dollars.
« Une attitude frileuse sr les réserves e change »
Pour le PDG de Humilis Finance, « notre attitude frileuse sur les réserves de change est liée au fait qu’on ne croit pas aux potentiel de l’entreprise de créer des richesses ». Or, « il faut une vision pour créer de la valeur et de la devise pour que la priorité ne soit plus de demander à la banque d’Algérie de changer sa doctrine sur le sujet ». Pour que cela change, a-t-il préconisé, « il faut une vision à laquelle on croit pour pouvoir se diversifier afin que les devises ne soient plus générées par notre sous-sol uniquement ».
M. Kerrar a jugé que le récent grand emprunt obligataire d’Etat qui a rendu le financement plus rare. Selon lui, même « si on n’a pas vu de gros financements concrétisés par les banques, elles ont eu accès à la liquidité et il y a un assèchement de celle-ci et on doit faire attention »
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