Emmanuel Macron a revendiqué jeudi un « discours de vérité » sur l’Algérie après des déclarations sur la colonisation, un « crime contre l’humanité » selon lui, qui ont suscité un tollé à droite.
« Cette détestation de notre histoire, cette repentance permanente est indigne d’un candidat à la présidence de la République », avait répliqué mercredi le candidat de la droite, François Fillon, lors d’un meeting à Compiègne.
Les détracteurs de l’ancien ministre de l’Economie ont omis de citer la deuxième partie de son propos tenu lors d’une interview à une chaîne de télévision algérienne, dans lequel il estimait qu’il ne fallait pas « tout balayer » du passé.
Dans un enregistrement vidéo destiné aux réseaux sociaux, l’ancien ministre de l’Economie, deuxième dans les intentions de vote derrière la présidente du Front national, Marine Le Pen, a rappelé jeudi que « l’équivalent d’une vie d’homme » s’était écoulé depuis la fin de la guerre d’indépendance algérienne.
« Sommes-nous aujourd’hui condamnés à vivre à jamais dans l’ombre de ce traumatisme pour nos deux pays ? Il est temps de clôturer ce deuil. Il faut pour cela avoir le courage de dire les choses et de ne céder à aucune simplification », a-t-il dit.
Il estime dans cet enregistrement que la colonisation a « entraîné la négation du peuple algérien » et « produit une guerre qui n’était pas digne de la France, parce que des actes inhumains, de la barbarie, de la torture ont été commis ».
Il assure cependant les anciens combattants que ses propos à la télévision algérienne ne les visaient pas mais entendaient reconnaître une « responsabilité de l’Etat français ».
Emmanuel Macron ajoute que la colonisation a également « introduit une modernité par effraction » en Algérie, à laquelle « des dizaines de milliers d’instituteurs, de médecins, de fermiers ont beaucoup donné ».
A la veille d’un déplacement dans le sud-est de la France, il adresse un message aux nombreux descendants de rapatriés d’Algérie, les « pied-noirs », et « harkis », qui combattirent du côté de l’armée française, vivant dans cette région.
« Les pieds-noirs ont été les victimes de la politique algérienne de la France avant comme après la guerre », dit-il.
Quant aux harkis, ils ont été « les victimes de la trahison de l’Etat français », qui les a abandonnés comme il a abandonné, plus récemment, ses interprètes afghans.
L’ancien ministre de François Hollande souhaite que la France et l’Algérie cessent de se renvoyer leur passé à la figure et construisent une « relation nouvelle, qui n’enlève rien à la mémoire de chacun, qui reconnaît (…) les douleurs de tous mais qui (…) les dépasse pour regarder vers l’avant ».
« Il est temps de laisser le passé passer. Sans repentance (…) mais sans refoulé », a insisté Emmanuel Macron.