50 ans après, rien ou tout a été dit sur la disparition le 29 octobre 1965 à Paris de l’opposant de gauche marocain Mehdi Ben Barka.
Grande manifestation de protestation jeudi en début de soirée à Paris, devant la brasserie Lip où l’opposant marocain avait été enlevé. Une centaine de personnes se sont rassemblées pour demander que toute la vérité soit faite sur l’enlèvement et l’assassinat de Ben Barka. Les manifestants ont pressé les autorités marocaines et françaises de faire la lumière sur ce kidnapping et ouvrir la voie à »la justice et la vérité » sur cet assassinat. Les organisateurs de cette manifestation estiment que « la déraison d’Etats doit faire place à la raison politique et à la vérité ». Le quotidien français Le Monde avait au mois de mars dernier affirmé que l’opposant marocain avait été enlevé et assassiné par les services secrets israéliens. Ronen Bergman, journaliste israélien « spécialisé dans les questions militaires et les services de renseignement », cité par Le Monde, a indiqué que le patron du Mossad, Meïr Amit, « avait appris des Marocains qu’ils voulaient le (Ben Barka, ndlr) tuer ». Mais, dit-il, citant Meïr Amit, « le Mossad n’était pas présent au moment des faits ». Son rôle était de fournir « de faux documents pour louer des voitures » et des passeports « aux Marocains et aux mercenaires français pour pouvoir prendre rapidement la fuite après les faits ».
La piste israélienne
« Il est clair aussi que le Mossad a fourni un appartement, une cache aux Marocains, mais on n’est pas certain que ce fut celui où Ben Barka a été conduit », dit-il. Selon lui, c’est le Mossad qui « s’est chargé d’évacuer le corps ». « Les agents connaissaient une forêt près de Paris, très prisée pour les pique-niques familiaux. Le service a eu l’idée de dissoudre le corps avant de l’enterrer avec de l’acide, à base de produits chimiques achetés dans plusieurs pharmacies. Cette nuit-là, il a plu. La pluie a accéléré le processus. C’est l’aspect le plus visuel, le plus dramatique de l’implication du Mossad », affirme-t-il. Les révélations du journaliste ne s’arrêtent pas là. Elles font état également de « contacts », au « début des années 1960 », entre Ben Barka et les Israéliens, « notamment les services ». Ces derniers « n’avaient aucune hostilité contre lui. Mais ils avaient une énorme dette envers les Marocains. L’autre version, voudrait que Ben Barka, arrêté par des »voyous » et des éléments des RG, ait été ensuite remis aux marocains. L’actuel général Hosni Benslimane, alors capitaine de la gendarmerie royale, avait réceptionné »le colis » qui a été mis dans un avion pour Rabat. La suite, les récits et les témoignages demeurent confus. L’IER (instance équité et réconciliation), mise en place en 2004 à la fin des années de plomb, n’a pas réussi à »dépoussiérer et clore » le dossier.