La représentation de la femme au Parlement marocain reste encore faible (17%), et fait l’objet de marchandages politiques entre le gouvernement et les partis. Aucune avancée ne semble pouvoir être espérée pour les prochaines élections législatives, prévues au mois d’octobre prochain.
En prévision des élections législatives, prévues le 7 octobre prochain, gouvernement et partis politiques représentés au Parlement négocient deux volets importants de cette échéance électorale: la représentativité des femmes et le seuil électoral.
Le débat porte en particulier sur le relèvement du niveau de présence des femmes au sein de l’hémicycle marocain. Dans sa nouvelle loi électorale, le gouvernement n’a pas fixé de nouveau seuil, ne tenant pas compte de la proposition de certains partis, dont l’Istiqlal, le plus vieux parti marocain, d’augmenter le nombre des femmes députées à 30%.
Sous-représentation des femmes selon beaucoup de partis
Le chef du groupe parlementaire de l’Istiqlal a indiqué, dans une déclaration rapportée par la presse marocaine : « Nous avons appelé à une augmentation de la représentation féminine au Parlement conformément à l’article 19 de la Constitution qui appelle à l’égalité des sexes. (…) Pour faire avancer les choses, nous avons cherché un compromis en ne demandant que de porter cette représentation à 30%. »
Le Mouvement Populaire (MP, Haraka) a, de son côté, appelé à régler cette question en abaissant le nombre d’élus à la Chambre des représentants à 215 au lieu de le faire passer à 395 avec un tiers de représentantes femmes. Quant au PJD (islamiste, au pouvoir), il a proposé de porter le nombre de députées de 60 à 90, voire à 120 membres. Abdallah Bouanou, le chef de son groupe parlementaire, estime que « l’idéal serait que les partis politiques s’engagent autour d’un accord de principe pour augmenter la part des candidates de 17 à 23% », ce qui est, selon lui, « réalisable en intégrant plus de femmes dans les listes locales ».
Amélioration de la représentation féminine à l’assemblée depuis 2011
Au Maroc, la mise en place de quotas lors des élections législatives de 2011, après une révision de la Constitution dans la foulée du Printemps arabe, s’est traduite par une augmentation du nombre de femmes parlementaires. A l’issue de ces élections, les femmes représentaient 16,7% de la Chambre basse, soit une hausse de 6% par rapport à l’élection précédente. Pour assurer une place aux femmes, les partis politiques avaient en 2011, dans le cadre de la « discrimination positive », réservé aux candidates femmes 60 sièges de la liste nationale pour les élections de 2011.
« Ce résultat est largement dû au quota mis en place : 60 sièges réservés aux femmes et 30 aux candidats de moins de 40 ans, conformément à une loi promulguée par le Conseil des ministres le 9 septembre 2011 », indique le dernier rapport mondial sur la représentativité féminine dans les parlements dans le monde.
Le nombre de parlementaires au Maroc est de 395. La représentation des femmes au sein de la chambre des Conseillers (Sénat) est encore plus faible: 14 membres femmes seulement sur 120 membres.
Définir un seuil électoral
Les partis politiques et le gouvernement ferraillent également au niveau du Parlement pour définir un seuil électoral « minimum » pour les législatives de cet automne 2016. Les discussions au sein de la première Chambre portent, en particulier, sur la proposition du gouvernement d’abaisser le seuil électoral de 6 à 3%. « Nous avons accepté que le seuil minimum soit établi à 3%, bien qu’au niveau du PJD, nous aurions souhaité le maintenir à 6% », explique Abdallah Bouanou du PJD justifiant cette attitude par la peur d’être « accusés d’hégémonie par nos adversaires ».
Au sein de l’opposition, les positions sont contrastées: l’Istiqlal s’est prononcé contre cette mesure, appelant à relever ce seuil à 10%. Pour le président de son groupe parlementaire, Nouredine Mediane, « atteindre la barre des 10% permettra d’apporter une maturité au paysage politique et de créer des pôles politiques forts, que ce soit au niveau de la majorité ou de l’opposition ». Et d’expliquer que le but est « d’avoir des gouvernements cohérents et homogènes au niveau idéologique »
Cette proposition, estiment des députés du PJD va faire exploser la scène politique avec un éparpillement des groupes parlementaires et va compliquer les choses pour « la formation d’une majorité gouvernementale » Pour Driss Lachgar, Premier secrétaire de l’USFP, la barre des 3% « n’aura d’impact qu’au niveau des listes nationales », ce qui permettra « une meilleure représentation des différentes sensibilités politiques du pays ».