La mise en confinement a été considérée comme une stratégie appropriée pour lutter contre la propagation de la pandémie. Or, ce choix a un coût exorbitant et entraîne des conséquences néfastes sur le plan économique et social, constate une étude menée par un collectif de chercheurs à l’Université Hassan II de Casablanca et publiée ce samedi.
Selon l’étude, le recours au choix du confinement au Maroc a provoqué une dégradation au niveau de l’ensemble des indicateurs du niveau de vie, relevant que l’ampleur de l’impact diffère selon le scénario proposé et selon le milieu de résidence.
L’étude montre aussi que le monde rural a été lourdement touché par cette crise comparativement à l’urbain. Les aides octroyées aux ménages ont permis l’atténuation partielle du choc provoqué par la crise sanitaire d’un côté.
D’un autre côté, elles ont contribué à l’aggravation des inégalités entre les deux milieux de résidence.
Les estimations calculées par les auteurs de l’étude, selon le scénario retenu, indiquent une perte de PIB pour 2020 comprise entre -5% (scénario optimiste), -7,3% (scénario de base) et -9,6% (scénario pessimiste) par rapport à une situation normale, hors crise sanitaire.
Les simulations montrent que les secteurs de l’immobilier, de l’hôtellerie-restauration et de la construction sont ceux qui subissent le choc de plein fouet. Le choc sur l’emploi est important et correspond au doublement du taux de chômage national actuel. Les branches les plus touchées sont celles de l’agriculture (- 416.000 emplois) qui emploie un nombre important de saisonniers, de l’industrie du textile-cuir (- 204.000 emplois) et du commerce (-165.000 emplois).
D’après l’étude, le nombre de bénéficiaires des mesures gouvernementales représente plus de la moitié des ménages marocains, soit 58%. Les résultats montrent que les actifs hommes et les ruraux sont plus exposés que les femmes ou les actifs urbains au risque de perte de revenu dû au confinement .
Autre enseignement retenu par les auteurs de cette étude est que les mesures prises suite à la crise sanitaire et aux dispositions de confinement ont conduit à une relative atténuation de la dégradation des niveaux de vie des classes aisées, mais pas à une réduction des inégalités.