Neuf mois après la mort d’un poissonnier, qui a été dénoncée à travers des marches de protestation, la tension ne baisse pas dans la région déshéritée du Rif, au nord du Maroc.
Jeudi dernier, de nouvelles manifestations ont été menées à l’appui de revendications sociales et politiques. Le même jour à Rabat, un conseil de gouvernement avait consacré une bonne partie de ses travaux à la situation précaire prévalant dans la province du Rif. Selon l’agence MAP, »la situation à Al-Hoceima a été débattue de manière profonde (jeudi) au cours d’un conseil de gouvernement, avec un exposé du ministre de l’intérieur sur la situation prévalant dans la région. Le gouvernement a réaffirmé à cette occasion sa volonté de répondre aux »revendications légitimes des citoyens », tout en »préservant la sécurité » et en faisant preuve de »vigilance à l’égard de certains comportements qui visent à créer un climat de blocage social et politique », note le communiqué de ce Conseil de gouvernement.
Sur place à Al Hoceima, une manifestation ayant rassemblé près de 5000 manifestants, selon les autorités locales, jusqu’à »200.000 » selon un proche de Nasser Zefzafi, un des organisateurs de ce mouvement de protestation, a de nouveau dénoncé les atermoiements des autorités devant les revendications des populations rifaines.
Une région marginalisée, oubliée
Théâtre protestations depuis octobre dernier après la mort d’un poissonnier dont la marchandise avait été saisie, la ville d’Al Hoceima a renoué jeudi avec la contestation. C’est aux cris de »Vive le Rif », »Non à la militarisation », ou dénonçant la »corruption » de l’Etat que des milliers de manifestants s’étaient rassemblées sur la place du centre-ville, rapportent les médias locaux.
» Etes-vous un gouvernement ou un gang ? », accusait une banderole, alors que les manifestants, dont certains portaient des drapeaux amazighs, insistaient sur le caractère »pacifique » de leur lutte. Une marche a été organisée à travers la ville, avant un rassemblement à la principale place d’Al Hoceima où le leader du mouvement Nacer Zefzafi avait dans son discours dénoncé autant la »corruption » du gouvernement que la »mafia locale », les »politiciens locaux », »l’esprit de répression » de l’Etat et de ses services de renseignement, la »présence massive » des militaires dans la ville, le »sous-développement » de la région et le nouveau gouvernement islamiste. Il a également exigé la libération des militants de son mouvement arrêtés durant les précédentes manifestations, ainsi que la démilitarisation de la région.
La mort du poissonnier Mohcine Fikri au mois d’octobre dernier a servi de détonateur à un mouvement de protestation, qui a pris une forme sociale et politique à Al-Hoceima. Ce mouvement, le Hirak (la mouvance) est mené par un groupe de militants locaux, qui estime que la région est sous développée et exige, parmi ses revendications, le développement du Rif.