Des militants du Hirak ont appelé à ne pas manifester le 30 juillet prochain, jour anniversaire de l’accession de Mohamed VI au trône.
Le roi Mohamed VI va probablement annoncer dans son discours de la fête de son accession au trône le 30 juillet prochain l’élargissement des prisonniers du Hirak, mouvement de jeunes d’Al Hoceima, dans le Rif, arrêtés lors de violentes manifestations anti-pouvoir entre mai et juin derniers.
Selon des avocats de prisonniers et militants du ‘’Hirak’’, le discours de M6 dimanche prochain est très attendu, car il devrait selon eux porter sur la situation actuelle dans la région du Rif, au nord du Maroc, ébranlée depuis le mois d’octobre dernier par des manifestations, souvent violemment réprimées, contre la corruption, le ‘’Makhzen’’ et pour protester contre l’extrême pauvreté et l’isolement de la région. Plus d’une cinquantaine de militants du Hirak sont en prison, après les arrestations massives au mois de mai et juin derniers, dont celle des dirigeants du mouvement comme Nasser Zefzafi ou Ahmadjik. Les militants du Hirak arrêtés lors de la manifestation interdite du 21 juillet dernier, ont vu leur procès reporté, après comparution immédiate, au mois d’août.
Un geste humanitaire ?
En outre, Abdessadak Elbouchattaoui, un des avocats des militants du Hirak actuellement en détention à la prison d’Oukacha à Casablanca, a publié un message sur son compte Facebook dans lequel il a annoncé que les leaders du mouvement, dont Nasser Zefzafi et Salima Ziani, ont appelé à ne pas manifester le 30 juillet prochain, jour anniversaire de l’accession de Mohamed VI au trône. Il a ajouté que les détenus du Hirak sont ‘’bien traités’’ à la prison d’Oukacha et qu’ils peuvent à nouveau être visités par leur familles. Deux faveurs auparavant interdites, en particulier la visite des familles des prisonniers du Rif. Mieux, et hormis Rabie Al Ablaq, tous les détenus d’Al Hoceima, y compris Zefzafi, ont décidé de mettre fin à leur grève de la faim. Autant de signes positifs, selon leurs défenseurs, sur une possible grâce royale à tous les militants du Hirak actuellement détenus à Casablanca et à Al Hoceima. Selon leurs avocats, une grâce royale à tous les détenus du Hirak n’est pas à écarter, comme une mesure d’apaisement, et pour que Mohamed 6 reprenne la main sur ce dossier brûlant du Rif, qui a débordé le gouvernement, dans une presque totale inertie des partis, hormis la gauche marocaine, d’abord avec le PPS, ensuite la gauche radicale à l’image d’Ennahdj Eddimocrati ou des partis de la FGD (Fédération de la gauche marocaine). Le geste de Mohamed VI devrait prendre les contours d’une décision humanitaire en direction des ONG et de pays comme la France, qui attendent un apaisement de la situation dans le Rif.
Aux origines de la crise dans le Rif
Depuis le mois d’octobre dernier, de violentes manifestations de protestation contre la marginalisation de la région du Rif sont organisées à Al Hoceima, après la mort d’un poissonnier, Mohcine Fikri, broyé dans une benne à ordures alors qu’il tentait de sauver sa marchandise, qui avait été saisie par la police. C’est le début de la ‘’révolte’’ dans le Rif contre la marginalisation et la militarisation de la région, et la naissance du Hirak. Mais, après une accalmie relative entre avril et mai, la situation s’est brusquement détériorée début juin avec l’arrestation des chefs de file du mouvement Hirak. La plus spectaculaire des manifestations de protestation contre la marginalisation du Rif par le »makhzen », avait été organisée en plein mois de ramadhan, en juin dernier, et qui avait rassemblée à Rabat, près de Bab El Had, près d’un million de personnes. Cette marche nationale de »la dignité » en solidarité aux populations du Rif, a dénoncé la corruption du pouvoir, la marginalisation du Rif et demandé la libération de tous les militants du Hirak, emprisonnés à Casablanca. Elle a également pris des proportions politiques dangereuses, et diplomatiques avec des ‘’warnings travel’’ de plusieurs capitales européennes à leurs ressortissants en visite ou résidents au Maroc.