Le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane a de plus en plus de peine à former une majorité, presque un mois après avoir remporté les élections législatives du 7 octobre 2016. Cette situation de blocage politique est exacerbée par la poursuite des manifestations populaires contre la ‘’hogra’’ et l’’’injustice’’ dans le royaume, une semaine après la mort tragique d’un poissonnier dans le nord du pays.
Un mois presque jour pour jour après les élections législatives d’octobre 2016, le chef du gouvernement et SG du parti de la Justice et du développement (PJD), vainqueur de ces élections, Abdelilah Benkirane, n’a pas encore réussi à trouver les alliances nécessaires pour former une majorité gouvernementale. Mercredi 2 novembre, il a annoncé dans une déclaration à l’agence de presse allemande ‘’DPA’’ n’avoir ‘’besoin que d’un seul parti disposant au moins de 20 sièges pour former la majorité ». Il a ajouté que ‘’nous sommes actuellement en tractation avec trois ou quatre partis. Dès que l’un d’entre eux tranche, nous commencerons le travail ». Pour le chef de file du PJD, une alliance avec la ‘’Koutla’’ serait la meilleure stratégie pour contrer le front des ‘’Indépendants’’ du RNI veulent constituer avec l’Union Constitutionnelle (UC) de Mohamed Sadjid et le Mouvement Populaire (MP) de Mohand Laenser. Mais, les choses ne sont pas aussi simples, selon des observateurs à Rabat. Pour avoir les sièges qui lui manquent pour former sa majorité, Benkirane a besoin d’une alliance avec la Koutla (Istiqlal, USFP et PPS), qui rassemblent à eux trois 78 sièges, ce qui donnera la majorité absolue à cette alliance au sein du gouvernement et au Parlement. Mais, il y a un ‘’hic’’ : les ‘’Indépendants’’ du RNI, sous la houlette de leur nouveau leader, le richissime Aziz Akhenouche, conditionnent leur entrée au gouvernement, avec ses alliés politiques (UC et PM), à l’éviction de l’Istiqlal. Un dilemme que pourrait éviter le chef du gouvernement si les socialistes de l’USFP jouent le jeu. Or, de sources proches du parti, on indique que Driss Lachgar, patron de l’USFP, conditionne son accord pour la formation d’une majorité par l’octroi du poste de président de la première chambre Habib El Malki, un des dirigeants de l’USFP et plusieurs fois ministre. ‘’Nous restons sur la position exprimée lors du premier entretien, qui consiste à ne pas saboter la formation de la majorité. Nous attendons l’offre du Chef du gouvernement ‘’, a indiqué Driss Lachgar à la presse locale. Les ‘’indépendants’’ du RNI, forts du ralliement de l’UC et du MP, veulent de leur côté peser sur les tractations avec le chef du gouvernement pour, eux aussi, décrocher le ‘’perchoir’’ de la 1ere chambre du Parlement marocain.
Poursuite de la ‘’protesta’’ contre la Hogra
Pourtant, ces tractations entre partis politiques pour la formation d’un gouvernement de coalition, ne semblent pas trop se soucier de la colère de la rue marocaine contre la mort tragique du poissonnier d’Al Hoceima, vendredi 28 octobre, broyé par un camion-benne alors qu’il tentait de s’interposer contre al destruction de son poison. Le chef du PJD avait même appelé ses troupes à éviter les manifestations de protestation. Vendredi après la prière hebdomadaire, des milliers de manifestants avaient dénoncé dans cette ville du Rif, la ‘’hogra’’. Les manifestants, qui avaient convergé vers la place des Martyrs après la prière du vendredi, ont scandé ‘’Mouchine, nous ne t’abandonnerons pas.’’ « L’affaire Mouhcine ne concerne pas que la ville. Elle concerne tous les Marocains qui souffrent de l’oppression », a lancé au micro devant la foule une femme se faisant porte-voix des manifestants. « On est venu pour protester contre cet arbitraire, contre le système corrompu dans les institutions et les lobbys des instances élues qui ne font que défendre leurs intérêts, le citoyen est leur dernier souci », a-t-elle encore dénoncé. Mardi dernier, le procureur d’Al Hoceima avait annoncé mardi l’arrestation de 11 personnes liées à cette affaire et déférées devant le juge d’instruction pour »faux en écriture publique et homicide involontaire ». Sept d’entre elles ont été placées en détention préventive. Ces personnes ont été arrêtées, précise t-il, sur la base d’une enquête préliminaire de la BNPJ sur les circonstances de cette tragédie, qui a replongé le Maroc dans les »années de plomb », selon des ONG locales. Mais, selon des observateurs, l’enquête, confiée à la police judiciaire de Casablanca, n’a pas déterminé qui est ‘’l’autorité’’ qui a donné l’ordre de faire marcher le broyeur du camion-benne. Une affaire qui intervient à quelques jours également de l’ouverture à Marrakech de la COP22 sur le climat.