L’Union marocaine du travail, un des trois puissants syndicats de travailleurs de la gauche marocaine a appelé ses militants à voter contre le gouvernement »et le parti, qui le dirige ». L’un des principaux griefs de l’UMT est que le gouvernement Benkirane a passé la réforme des retraites sans consultation des syndicats.
Dans un entretien jeudi au quotidien L’Economiste, le SG de l’UMT, Miloud Moukharek, a annoncé que son organisation syndicale appelle ses adhérents et leurs familles à voter »contre le gouvernement, ses composantes et le parti qui le dirige ». »Le bilan du gouvernement est négatif. Il ne croit ni dans la démocratie, ni dans la Constitution dont il a violé plusieurs dispositions », estime le SG de l’UMT, qui dénonce la démarche du gouvernement envers les syndicats. »Il a fait passer, sans concertation, la réforme de la retraite et le texte sur la mutualité », »et a essayé de faire adopter un projet de loi organique sur la grève ». Plus grave, Miloud Moukharek accuse le gouvernement dirigé par le chef du Parti Justice et développement (Islamiste, modéré) d’avoir »gelé le dialogue social et violé les libertés syndicales. » Le Conseil national de l’UMT a donc décidé de »voter contre ce gouvernement, ses composantes et le parti qui le dirige. » Le N.1 de l’UMT ajoute, quant à la position du syndicat envers les autres partis, que »nous avons donné la consigne pour un vote sanction contre les partis au gouvernement mais nous n’avons pas encore donné de consigne pour voter pour un parti précis. » Mais, »il n’y aura pas de consigne de vote général pour un parti déterminé », a expliqué M. Moukharek.
L’UMT veut tourner la page Benkirane
La seule consigne de vote valable, qui pourrait être donnée est de voter pour le parti qui va » abroger la sinistre loi sur les retraites, et »pour le programme qui prévoit un partenariat avec le mouvement syndical basé sur la concertation, le dialogue et la négociation. Nous voulons instaurer de nouvelles relations avec le prochain gouvernement. » Le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane a fait passer sans consulter les syndicats son projet de réforme du régime des retraites au Maroc, qui fait passer l’âge de départ de 60 ans à 63 ans sur six ans. Le même gouvernement est également accusé par les syndicats d’avoir interrompu le dialogue social, et tenté de criminaliser notamment le droit de grève. Bref, depuis son arrivée en 2011 sur le sillage du Printemps arabe, le gouvernement de tendance islamiste n’a jamais fait de faveurs aux syndicats marocains. Les élections législatives prévues le 7 octobre prochain seront décisives quant au maintien ou pas du PJD au pouvoir. 32 partis sont en lice pour ces élections, et le PJD part légèrement favori devant le Parti Authenticité et Modernité (PAM), selon des analystes. L’USFP et l’Istiqlal seront des arbitres de cette course, alors que les mouvements de la Haraka devront faire des alliances pour se positionner dans la dernière ligne droite. Un parti politique, Ennahdj Eddimocrati (La Voie Démocratique), parti de la gauche radicale, a annoncé boycotter ces élections, alors que le Parti Libéral s’est retiré.