Les opérations de votation se poursuivent au Maroc où se tiennent les deuxièmes élections législatives depuis la promulgation de la Constitution de 2011, et les 9emes depuis l’indépendance du pays. Selon le ministère de l’Intérieur, le taux de participation reste modeste. A 12 heures locales, il était de 10 % pour 15,7 millions d’électeurs. Le taux d’abstention, lors des législatives de 2007 et 2011 avait été de 63% et 55%. Sera t-il moins important en 2016 ?
A Salé, ville-jumelle de Rabat, un calme étrange règne dans cette cité de presque un million d’habitants. Avec les deux pieds bien implantés dans l’Océan, la ville, un ancien repaire de pirates et de corsaires au temps de la Reconquista en Espagne, est en fait le fief du Parti de la Justice et du Développement (PJD), qui a dirigé le gouvernement sortant. Dans les ruelles de l’ancienne médina, une chaleur inhabituelle pour la saison semble avoir ralenti les activités commerciales, débordantes dans les milliers de venelles de la cité. Le sujet du moment, on le devine, ce sont les législatives qui se déroulent dans l’ensemble du pays, mais »tranquillement ici », selon des habitants. La vieille médina de Salé, toujours fermée par des murailles des dynasties, qui se sont succédé dans le pays, livre difficilement ses secrets, même pour abriter des regards indiscrets les électeurs, qui se dirigent vers les écoles où sont installés les bureaux de vote.
Salé, les murailles du temps
Mais, selon les observateurs, le taux de participation reste encore modeste dans la médina à la demi-journée. Pour autant, c’est dans cette ville que se dispute en ce moment une rude bataille entre le N.1 du PJD, son secrétaire général Abdelilah Benkirane et les candidats du Mouvement Populaire Driss Sentissi et du RNI Nouredine Lazrak. Difficile, cependant, pour les candidats de ces deux partis de battre Benkirane dans son fief politique. Ailleurs dans la capitale marocaine, il était difficile de penser qu’il s’agit d’un jour d’élections, avec des bureaux de vote très peu fréquentés. Au siège du Mouvement Populaire (MP), rue Patrice Lumumba dans le quartier de Hassen, la réponse est prête: »les gens vont affluer vers les bureaux de vote dans l’après midi », nous dit le Directeur politique du parti, Mohamed Radi. Ici au siège du MP comme dans les autres permanences des partis en lice pour ces élections législatives, notamment au PAM, on prépare »la réception de ce soir », qui sera organisée juste après la fin du vote, nous disent les directeurs politiques de ces deux partis. Sur les réseaux sociaux, on commente largement les premières opérations électorales.
Après Ennahdj, Al Adl Wal Ihsane pour le boycott des élections
Par ailleurs, le ministère de l’Intérieur a indiqué dans un communiqué que le scrutin se déroule dans de bonnes conditions. En allant voter, le chef du gouvernement sortant et candidat du PJD à Salé, Abdelilah Benkirane, a appelé les électeurs »à choisir ce qui est dans leur intérêt et celui du pays. » Dans la mosquée du quartier Hassen de Rabat, le prêche du vendredi a été axé sur l’importance de cet événement, l’Imam ayant appelé l’administration » à garantir des élections transparentes », et les électeurs à »accomplir leur devoir national en allant voter ». Si le PJD est donné favori, le PAM est déjà perçu par les observateurs comme pouvant créer la surprise, même si les partis du centre et les nationalistes peuvent revenir à hauteur de ces deux partis. Selon la commission électorale, quelque 4.000 observateurs suivent le déroulement de ces législatives où sont engagés 6.992 candidats répartis dans 1.410 listes. Au final, 395 candidats devront être désignés, dont 90 au titre de la liste nationale, qui regroupe les jeunes et les femmes. . Un appel au boycott a été lancé par le parti Ennahdj Eddimocrati, qui estime que »le pouvoir marocain n’est pas prêt pour une vraie alternance », et l’association Al Adl Wal Ihsane qui a indiqué dans un communiqué que ces élections »ne seront pas différentes des précédentes. »