Les islamistes marocains du Parti de la Justice et du Développement (PJD, modérés) ont une nouvelle fois fait une démonstration de force en remportant pour la seconde fois consécutive, après les élections de 2011, les législatives d’octobre 2016.
Le secrétaire général du parti et chef du gouvernement sortant, Abdelilah Benkirane, »honni » par les syndicalistes pour avoir ignoré leur appel au dialogue social, devra cependant aller vers des compromis pour former un gouvernement de coalition. En effet, la nouvelle Constitution marocaine de 2011, proposée par le roi Mohamed VI par référendum et votée en juillet de la même année dans le sillage des revendications pour une monarchie Parlementaire au plus fort des manifestations du »printemps arabe » au Maroc, ne permet pas à un parti politique d’obtenir la majorité des suffrages. Elle favorise, par contre, la formation de gouvernements de coalition. Après les élections législatives de 2011, le PJD se doit cette fois-ci encore composer avec ses outsiders pour former son gouvernement. Mais, la tâche est difficile. Ses »prises de bec » avec le Parti Authenticité et Modernité (PAM, 80 sièges), qui l’accuse de vouloir établir le »califat » au Maroc ne sont pas pour calmer le jeu. D’autant que les »Pamistes » ou le parti du »Tracteur » ont déjà annoncé qu’ils ne participeront pas à un gouvernement de coalition dirigé par le PJD. Ilyas el Omari, le SG du PAM, a estimé dans des déclarations à la presse qu’il est »hors de question » de faire partie d’un gouvernement dirigé par le PJD. »C’est hors de question. Nos valeurs et nos projets de société n’ont rien en commun.
Quel gouvernement de coalition ?
Le PJD lui ne défend pas le Maroc. Il défend la Oumma, il défend le califat. » Autre souci pour les »PJD’istes », l’Istiqlal, arrivé en troisième position avec 31 sièges, était sorti du gouvernement en 2012, et laissé sa »place vacante », reprise rapidement par le Rassemblement National des Indépendants (RNI). L’Istiqlal, dirigé par le sulfureux ex-maire de Fés, Hamid Chabat, sera t-il prêt à rentrer une nouvelle fois dans un gouvernement dirigé par les islamistes ? Quant aux socialistes de l’USFP, qui ont perdu leur »aura » des années 1970-1980, ils sont déjà dans l’opposition, et avaient refusé en 2011 de faire partie d’un gouvernement islamiste. Restent dés lors le RNI, la »Haraka » et l’Union constitutionnelle pour le »décorum » politique. A moins que le PAM et l’Istiqlal ne négocient des postes importants dans le nouveau gouvernement, le vainqueur des législatives 2016 aura bien du mal à composer un gouvernement de coalition dont les objectifs sont sur la table: relance de la croissance à plus de 4,5%, baisse du chômage à moins de 10%, et réduction du déficit budgétaire à moins de 3% du PIB et une inflation contenue à 1%.