Maroc- Face à l'impasse financière, les syndicats du raffineur "Samir" haussent le ton - Maghreb Emergent

Maroc- Face à l’impasse financière, les syndicats du raffineur “Samir” haussent le ton

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Les syndicats de l’unique raffineur du Maroc, la Samir, annoncent un sit-in de protestation mardi prochain sur le site du complexe, pour dénoncer l’arrêt depuis août dernier de la production. 

 

Au sein des syndicats du raffineur marocain, la Samir, la grogne gagne du terrain. L’unique raffinerie du Maroc, à défaut d’un deal entre son actionnaire majoritaire et l’Etat marocain sur un échéancier pour le paiement de ses dettes, un peu plus de 20 milliards de DH, soit plus de 1,86 milliard d’euros, est à l’arrêt. Pis, certains de ses créanciers réclament le paiement de leurs créances et ont demandé au tribunal de commerce de Casablanca la saisie conservatoire des biens du raffineur. Le personnel du complexe, quant à lui, excédé par l’impasse des négociations entre l’état marocain et le groupe Corral, veut passer à l’action. Les syndicats de la Samir, constitués du syndicat des industries du pétrole et du gaz, de la CDT,  de la FDT et l’UMT, on t annoncé l’organisation d’un sit-in mardi 26 janvier 2016. ”Nous n’avons aucune visibilité sur l’avenir de la raffinerie. Côté salaire, c’est le grand suspens chaque début du mois”, tonne un syndicaliste de la CDT.  Les syndicats comptent également organiser le 13 février prochain une méga-manifestation de protestation, avec cette fois ci la participation de responsables politiques et de la société civile à Mohammedia.

Les douanes veulent leur ”argent”

Dès août 2015, l’administration des douanes avait créé un précédent. Pour tenter de récupérer une partie des 13 milliards de dirhams réclamés à la Samir, elle avait procédé à une saisie des comptes bancaires de la Samir. Mais, les douanes marocaines ont été devancées par les sociétés d’affacturage (spécialisées dans le recouvrement de créances). Depuis que la Samir a annoncé l’arrêt de sa production en août 2015, les négociations avec le groupe saoudien Corral, l’actionnaire majoritaire (67 %), calent. Lors des dernières discussions du 29 décembre 2015, les représentants du groupe de Mohammed Al Amoudi ont signifié qu’ils n’opéreraient pas d’augmentation de capital, tant que les saisies requises par l’administration de la Douane ne seraient pas levées. Il a également un autre atout: l’argument du propriétaire du groupe Corral,  le Soudano-saoudien Hussein Al Amoudi, repose sur le fait que ”l’Etat marocain a changé les règles du marché”” en recourant durant l’été dernier, en pleine crise de la Samir, à l’ouverture des importations accordée aux distributeurs de produits pétroliers. La crise de la Samir est apparue à l’été dernier, lorsqu’elle n’a pu alimenter une grande partie du marché local des carburants, emportée par une tourmente financière.

Soucis financiers

Le raffineur cumule d’importantes dettes auprès de ses fournisseurs, des banques et de l’administration fiscale et sociale. Les seules dettes auprès de l’Etat représentent au moins 13 milliards de dirhams. Depuis, la fourniture du marché des carburants au Maroc est assurée pour l’essentiel par les importations des principaux distributeurs du pays comme Afriquia, OilLybia, Total Maroc ou Winxo. Les soucis financiers de l’unique raffinerie du Maroc sont à chercher du côté d’un bilan 2014 catastrophique, pour la seconde année consécutive, et ce, dans le sillage de la baisse des cours mondiaux du pétrole. Pour 2014, son résultat net est négatif à -3,42 millions de dirhams contre 320 MDH en 2013. Le résultat financier pour 2014 est resté, quant à lui, stable à – 400 MDH. Par ailleurs, le chiffr d’affaires a enregistré une baisse de 10% et s’est établi à 44,04 MMDH, sur fond de repli de 12e% des exportations.

Bilan 2015 catastrophique

La Samir, cotée à la Bourse de Casablanca, affichait fin 2014 une capitalisation de 3,35 milliards de dirhams (MMDH). Fin 2014, le cours de son action a chuté de 10% à 281,75 dirhams par action, et ce trou d’air s’est poursuivi en 2015: l’action de la société s’est dépréciée à la fin mai dernier à la bourse de Casablanca de 2,47% à 176DH. La cotation des actions du groupe a été suspendue par le gendarme de la bourse de Casablanca, le Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM). La volte face du principal actionnaire de la Samir via sa holding Corral est intervenue une semaine après la date butoir du 15 novembre 2015 que s’était fixé Al Mahmoudi pour apporter  les 670 millions de dollars afin de recapitaliser la Samir à hauteur de 10 milliards de dirhams. Il avait assuré le conseil d’administration de sa volonté ”de faire ses meilleurs efforts pour souscrire au solde de l’augmentation de capital, dans l’hypothèse où les actionnaires minoritaires ne souscriraient pas à cette opération”. En attendant, la Samir perd chaque jour, selon les experts, quelque 30 millions de dirhams. Et les pertes pour l’année 2015 pourraient atteindre 10 milliards de dirhams. 

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