La formation d’une majorité gouvernementale issue des élections du 7 octobre 2016 semble être dans l’impasse. Le chef de gouvernement désigné, Abdelilah Benkirane, a même annoncé la suspension des consultations, et attendre le retour du nouveau chef du RNI pour les reprendre.
Si, en 2012, il n’avait fallu que 34 jours à M. Benkirane, vainqueur avec son parti (PJD) des législatives de 2011, pour former son gouvernement, cette fois-ci, il semble empêtré dans d’inextricables impasses politiques. 45 jours sont passées depuis l’annonce du 7 octobre au soir de la seconde victoire d’affilée du PJD, et le chef du gouvernement, n’arrive pas à constituer une majorité gouvernementale. Il a même été contraint par »l’opposition » de suspendre ses consultations et attendre le retour au pays du président du RNI, Aziz Akhannouch, proche du roi, pour les reprendre. Ces consultations doivent être menées avec le Mouvement populaire (MP) et l’USFP. M. Benkirane a indiqué dans une déclaration à »Akhbar Al Yaoum », qu’il préfère »attendre le retour au Maroc du président du RNI, Aziz Akhannouch pour relancer les négociations, plutôt que de se réunir avec les secrétaires généraux de l’USFP et du MP. » Aziz Akhanouch, ministre de l’Agriculture dans le gouvernement sortant et nouveau leader du RNI, est actuellement en tournée avec le roi en Afrique. Car la »pierre est dans le soulier » de Benkirane après que le MP et le RNI aient exigé l’éviction de l’Istiqlal de la majorité gouvernementale, sinon ils ne participeraient pas au prochain exécutif. En outre, le chef du PJD et du gouvernement, avec ses 125 députés, n’a pas pour autant la majorité nécessaire pour gouverner seul, à savoir 198 sièges sur 395. Le chef du gouvernement ne peut compter pour le moment que sur l’Istiqlal (46 sièges) et le Parti du progrès et du socialisme (PPS, 12 sièges). L’USFP, un moment pressenti, a préféré attendre, et se méfie des »sautes d’humeur » de Benkirane, qui a besoin d’un quatrième allié. Mais, apparemment, il devra composer et (accepter) avec les conditions du RNI (37 sièges), qui veut entrer au gouvernement en force avec ses deux alliés, le MP (27 sièges) et l’Union Constitutionnelle (UC, 19 sièges). Le ralliement de l’USFP (20 sièges) à l’un ou l’autre bloc sera décisif autant pour la course aux postes clefs, que pour le perchoir à la chambre basse du Parlement.
Rendre les clefs
Mais, il est fort probable que le PAM, venu en seconde position lors des dernières législatives (102 sièges), dont le fondateur Fouad El Himma est proche du roi, et qui a refusé de travailler avec le PJD, n’influence le RNI pour provoquer une impasse et obliger Benkirane à »rendre le clefs », comme celui-ci l’a déclaré récemment à la presse. Car si le chef du gouvernement désigné n’arrive pas à former son gouvernement dans une dizaine de jours, il sera fatalement écarté par le roi, qui devra dans ce cas désigner un successeur. La Constitution prévoit seulement que le roi »nomme le chef du gouvernement au sein du parti politique arrivé en tête des élections des membres de la Chambre des représentants, et au vu de leurs résultats » (article 47). Mais, elle reste muette dans le cas où il échoue à former sa majorité gouvernementale. Alors, il y aura plusieurs scénarios: nomination d’une autre personnalité du PJD à la tête du gouvernement, charger un autre parti de mener les tractations, ou même organiser des législatives anticipées. Mais, il semblerait que le blocage actuel devrait être résolu par un accord de dernière minute entre Benkirane et Akhannouch, devenu l’une des personnalités, politique et économique, la plus en vue dans le royaume.