La formation d’un gouvernement, cinq mois après les élections législatives d’octobre 2016, serait sur le point d’être annoncée, a indiqué le chef du parti Justice et Développement (PJD) et du gouvernement, Abdelilah Benkirane. A défaut, le PJD pourrait être dissous, ou entrer dans l’opposition, a t-il souligné. Mais, pour lui, »quelque chose ne tourne pas rond dans ce pays. »
Une information qui n’a pas encore été commentée par la classe politique marocaine, excédée par les atermoiements du PJD, le parti islamiste qui a remporté ces élections. Le chef du gouvernement désigné Abdelilah Benkirane, leader du PJD, devrait présenter son gouvernement au début du mois de mars, avec le retour du roi Mohammed VI de sa tournée africaine. Lors du Conseil national de l’Union nationale du Travail au Maroc (UNTM), un syndicat affilié au PJD, Benkirane a indiqué qu’au retour du roi, il devrait soit présenter son gouvernement, soi sa démission. Il a même parlé d’une possible dissolution du PJD en cas de blocage ou d’échec pour la formation d’une majorité gouvernementale. »Ce qui est normal, c’est que je forme le gouvernement. Mais, s’ils trouvent une autre sortie constitutionnelle, nous irons dans l’opposition », a t-il déclaré. Pour autant, il ajoute que »nous n’allons pas perturber la structure de l’Etat. Et s’il faut dissoudre le parti ou se retirer du gouvernement et des communes, nous le ferons. » Les propos de Benkirane dénotent une certaine lassitude, alors que la formation d’un gouvernement de coalition butte sur de nombreux obstacles, dont la demande d’éviction de la majorité gouvernementale de l’Istiqlal, allié du PJD, ou le forcing des socialistes de l’USFP pour faire partie de l’exécutif.
Blocage sur la formation d’un gouvernement
Les négociations politiques entre Abdelilah Benkirane et les autres partis, dont le RNI, sont au point mort avec la nouvelle tournée royale en Afrique. Alors qu’on pensait que la formation du gouvernement allait être annoncée début janvier après que le chef du gouvernement ait accédé au vœu du patron du Rassemblement national des indépendants (RNI), Aziz Akhannouch, d’exclure l’Istiqlal des négociations, les choses se sont vite compliquées. Abdelilah Benkirane, qui a accepté de lâcher l’Istiqlal après la sortie haineuse de Chabat contre la Mauritanie, a mal accepté, cependant, que le chef du RNI, le richissime Aziz Akhennouch, lui impose l’USFP dans sa liste gouvernementale. »J’ai soumis une offre à M. Akhannouch le mercredi 4 janvier afin de participer à mon gouvernement. Il m’a promis de me répondre deux jours après. Au lieu de cela, il a publié un communiqué avec deux autres partis politiques à qui je n’ai adressé aucune invitation », explique Benkirane. Depuis, les discussions sont bloquées.
Quelque chose ne tourne pas rond dans ce pays
Lors de la rencontre avec les syndicalistes de l’UNMT, le chef du gouvernement et du PJD a expliqué par ailleurs qu’il ne veut pas dans son équipe de l’USFP, coupable selon lui de bloquer la formation du gouvernement. »Il y a une formation qui veut absolument intégrer le gouvernement, même si l’on a essayé de la contenter en lui concédant la présidence de la première Chambre », a-t-il dit. Habib El Malki, ancien ministre et un des cadres de l’USFP a été désigné au perchoir de la chambre des représentants (chambre basse) du Parlement, lorsqu’il fallait voter les statuts de l’Union africaine et l’admission du Maroc à l’organisation panafricaine. M. Benkirane a même évoqué la possibilité de nouvelles élections législatives. L’USFP, quant à elle, avait refusé en 2011 de faire partie de la majorité gouvernementale et est entrée dans l’opposition à l’issue des élections législatives organisées dans le sillage du printemps arabe, et remportées par le PJD. A l’adresse des syndicalistes de l’UNTM? il a lancé que »nous ne sommes pas venus pour provoquer des troubles dans le pays », avant de souligner que »le chemin pour la formation d’un gouvernement est encore long », indique par ailleurs le site PJD.ma. Selon Benkirane, »quelque chose ne tourne pas rond dans ce pays ».