Maroc-Grève contre le régime des retraites : le gouvernement rappelle la réalité des chiffres - Maghreb Emergent

Maroc-Grève contre le régime des retraites : le gouvernement rappelle la réalité des chiffres

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La grève préventive observée mercredi par les syndicats de gauche marocains, épaulés par des associations et des organisations professionnelles, a été ”un succès”, selon les organisateurs. Le gouvernement, de son côté, ne recule pas et rappelle qu’il maintient ses engagements pour réformer le régime de retraites, point focal de la fronde syndicale.

 

Selon les trois principaux syndicats (CDT, UMT et FDT) organisateurs de cette journée de protestation contre l’absence de dialogue social, en particulier sur la réforme du régime de retraite décidée par le gouvernement Benkirane, la grève a été suivie à 83,7%. “La participation de la classe ouvrière et de l’ensemble des salariés à cette grève syndicale ouvrière a dépassé toutes les prévisions”, ont souligné les trois syndicats dans un communiqué commun. Outre la reprise du dialogue social sur la réforme du régime des retraites, les syndicats marocains revendiquent également l’augmentation des salaires et des pensions de retraite, l’application de l’échelle mobile, la réduction de la pression fiscale ainsi que la consolidation des lois sociales dont le droit d’appartenance à un syndicat, le droit de grève et l’application du code du travail.

Le gouvernement intraitable

En face, le gouvernement campe sur ses positions, et appelle les syndicats ”à assumer leurs responsabilité” dans cette grève. ”Sans cette réforme (…) le paiement des pensions sera arrêté dans quelques années”. ”’La réforme des régimes de retraite en général et celle des pensions civiles assurées par la Caisse marocaine des retraites en particulier, est nécessaire et urgente en ce sens que le déficit de ce régime atteindra 135 milliards de dirhams en 2023. Si la réforme n’est pas réalisée, cela mettrait la Caisse dans l’incapacité de payer les pensions”, a expliqué Mustapha El Khalfi, porte parole du gouvernement dirigé par le Parti Justice et Développement (PJD, islamiste).

Indicateurs dans le rouge

Le chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane a déjà annoncé en 2011 que cette réforme du régime des retraites sera entamée en 2014 avec un prolongement de deux ans de l’âge de départ à la retraite, qui sera porté de 60 à 62 ans dès 2015 et sera relevé progressivement à 65 ans.  Le régime des fonctionnaires (environ 700.000) sera le premier à être réaménagé et dans lequel tous les paramètres seront retouchés: l’âge de départ à la retraite, le taux de cotisations ainsi que l’assiette et l’annuité de liquidation de la pension. Le directeur de la Caisse marocaine de retraite (caisse des fonctionnaires) Mohamed el Alaoui Abdellaoui a évalué le coût financier du retard dans la mise en place de la réforme du régime des retraites au Maroc à près de 20 milliards de dirhams (environ 1,8 Mds d’euros), pour chaque année au-delà de 2012. “Plus on tarde dans la prise de décision, plus les mesures à prendre deviennent compliquées et accentuent la charge à répartir sur les trois paramètres de la réforme de retraite (âge de la retraite, prestation de la retraite et taux de cotisation)”, selon M. Abdellaoui. “Vu l’ampleur des déficits, agir sur un seul ou deux paramètres s’avère insuffisant pour équilibrer la situation financière du régime”, a t-il prévenu. ”En cas de statu quo et en l’absence de réforme, le régime puisera dès 2014-2015 dans les produits générés par ses réserves et les épuiserait en 2021″.

”Un salarié pour trois retraités”

Selon des statistiques données par des caisses de retraite marocaines, leur situation est alarmante. Il y a en fait une hausse des retraités par rapport aux assurés sociaux durant les dernières années avec une proportion de 3,9 assurés sociaux qui cotisent aux différents régimes de sécurité sociale au Maroc pour un seul retraité en 2009-2010.  Une étude du Haut commissariat au Plan (HCP) relève de son côté que la dépense totale des retraites représenterait 10% du PIB marocain à l’horizon 2050, contre 3% en 2010, tandis que les recettes ne représenteraient que 2,6% du PIB, soit un déficit de 7,4%. Une situation d’autant critique que le gouvernement éprouve les pires difficultés pour  relancer la croissance économique et stopper le déficit public, qui a atteint 5,2% du PIB en 2013.

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