Les autorités marocaines devraient réexaminer de toute urgence la condamnation de l’activiste et porte-parole du Hirak Elmortada Iamrachen, a déclaré l’ONG Human Rights Watch dans un communiqué.
Condamné à cinq ans de prison, « sans doute en représailles de son rôle dans un mouvement de protestation sociale » Elmortada Iamrachen, 31 ans, est reconnu, par le tribunal de première instance, coupable d’apologie du terrorisme et d’incitation à commettre des actes terroristes, en se basant sur certaines de ses publications sur Facebook ainsi que sur ses aveux à la police—des aveux qu’il avait réfutés peu après les avoir signés et que, devant le juge, il avait qualifiés de faux, et de forcés.
« Sans même l’examiner, le tribunal a sommairement rejeté l’affirmation d’Imarachen selon laquelle ses aveux avaient été obtenus sous la contrainte », précise l’ONG qui appelle les autorités à faire en sorte qu’aucun aveu obtenu sous la contrainte ne soit accepté comme preuve dans un tribunal. Le porte-parole du Hirak doit être entendu en appel ce mercredi 7 février 2018.
« Une fois de plus, on jette en prison un activiste marocain en se fondant sur des aveux contestés », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Les autorités marocaines devraient enquêter en bonne et due forme sur l’allégation d’Iamrachen selon laquelle ses déclarations à la police ont été obtenues sous la contrainte ; et elles devraient écarter du dossier tout élément de preuve qui semble résulter de coercition. »
Iamrachen était un des principaux porte-parole du Hirak, un mouvement de protestation qui s’est constitué en octobre 2016 en réaction à la négligence gouvernementale dont ferait l’objet la région du Rif, dans le Nord du Maroc. Son arrestation, le 10 juin 2017, s’inscrivait dans une campagne d’arrestations de manifestants et meneurs du Hirak. Environ 450 ont été condamnés à des peines allant de quelques mois à 20 ans de prison, tandis qu’une cinquantaine d’autres sont toujours en attente de jugement. Plusieurs manifestants détenus ont déclaré que des policiers les avaient torturés et forcés à signer des aveux écrits. Certaines de ces allégations sont corroborées par des rapports d’expertise médicale consultés par Human Rights Watch.