L’opposition marocaine conteste la constitution « unilatérale » de la commission centrale des élections par le Chef du gouvernement et du parti du PJD (islamiste) Abdelilah Benkirane.
Les grosses cylindrées politiques du Maroc semblaient n’attendre qu’une occasion pour en découdre avec le Chef du gouvernement, cette fois-ci sur le terrain des prochaines élections locales et législatives, reportées à septembre 2016. Dans un communiqué conjoint, le Parti de l’Istiqlal (PI), le Parti Authenticité et Modernité (PAM), l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et l’Union constitutionnelle (UC) ont annoncé qu’ils ne « participeront pas aux travaux de la commission centrale des élections et de toutes ses antennes régionales, provinciales et locales » si la commission centrale des élections « n’est pas constituée conformément à la loi ».
Ces quatre partis reprochent à Abdelilah Benkirane d’avoir mis en place cette commission sans les consulter. A l’issue de leur réunion en fin de semaine dernière à Casablanca, ils ont appelé leurs représentants à ne pas prendre part aux réunions qui seront convoquées par cette commission, estimant qu’il s’agit là de « graves atteintes aux acquis démocratiques et constitutionnels ».
Pour les dirigeants de ces formations politiques, dont Driss Lachgar de l’USFP et Hamid Chabat de l’Istiqlal, « le document constitutif de la commission centrale et des commissions régionales et locales des élections, présenté par le gouvernement aux chefs de l’opposition, n’a aucun fondement juridique, ne respecte pas la Constitution ».
Les quatre partis – dont l’Istiqlal qui a quitté le gouvernement en 2013 – ont également condamné les « ingérences » du Chef du gouvernement dans les affaires internes des partis des syndicats.
Pour rappel, fin janvier dernier, Abdelilah Benkirane avait annoncé le report au mois de septembre 2016 de la date des élections, « en réponse à la demande des partis politiques ».
« Nous avons accédé à la demande de ces partis », a-t-il déclaré devant la Chambre des représentants.
Nationalistes et socialistes VS islamistes
Dans son éditorial publié samedi et consacré à ce bras de fer entre le gouvernement et l’opposition, El Ittihad El Ichtiraki (organe de l’USFP) estime que la décision des quatre partis, « jamais enregistrée jusque là, de boycotter les travaux de la commission de préparation des élections », constitue un « tournant » dans la vie politique au Maroc. Pour son rédacteur, elle est le résultat d’un « climat politique délétère », marqué par une hégémonie de la majorité, qui s’obstine à marginaliser l’opposition.
Aucune réponse n’a été enregistrée pour le moment du Chef du gouvernement aux quatre partis. Abdelilah Benkirane se consacre, selon ses proches cités par la presse marocaine, à préparer son parti aux élections.
Les prochaines élections législatives sont prévues pour septembre 2016, de même celles locales (provinciales et communales).