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Maroc: Sur fond de contestation au Rif, le chef d’un parti proche du palais, démissionne

Par Mohamed Boukhalfa
août 9, 2017
Maroc: Sur fond de contestation au Rif, le chef d’un parti proche du palais, démissionne

                                              

Le secrétaire général du Parti Authenticité et Modernité (PAM), créé en 2008 par Fouad Ali El Himma, un proche du roi, a rendu le tablier mardi. L’annonce de sa démission coïncide avec celle du décès d’un militant du Hirak, blessé à la tête le 20 juillet dernier, lors de manifestations violemment réprimées par les services de sécurité.

 

Dans une conférence de presse organisée mardi 8 août pour expliquer sa démission de la tête du PAM, Ilyas El Omari a notamment parlé des événements d’Al Hoceima, et le Hirak, mouvement de contestation né après la mort d’un poissonnier broyé dans une benne à ordure alors qu’il voulait sauver sa marchandise saisie par la police. ‘

‘Ce qui se passe à Al Hoceima n’a rien à voir avec ma décision » de démissionner, a-t-il dit. Il ajoute:  »j’ai répondu à cette question : il n’y a aucune relation entre ma démission et la situation dans ma province et ses malheurs. »

Président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, El Omari a été à maintes reprises attaqué et rendu responsable de la situation sociale et économique déplorable dans la capitale du Rif, dépourvue des grandes infrastructures sociales et économiques.

Le 10 juin dernier, au plus fort des manifestations de protestation du Hirak, et des arrestations de ses militants, Nabil Benabdallah, SG du Parti du progrès et du Socialisme (PPS, communiste), et ministre de l’Habitat avait accusé en des termes clairs sur Medi1 TV le PAM et son secrétaire général Ilyas El Omari d’être  »la cause des problèmes » que connaît aujourd’hui le Rif.

 »Sur les 36 communes de la région, ils ont la gestion de 30 d’entre elles qu’ils ont remportées de la manière que l’on connaît et non pas par mérite », a-t-il dit. Il ajoute qu »Ilays El Omari fait partie du problème et non de la solution » dans le Rif, reprochant notamment au parti du Tracteur l’utilisation des revendications de la population d’Al Hoceima à des fins politiques ».

 »Nous demandons aux responsables du PAM d’avoir un peu de retenue et leur disons qu’ils ne remplissent pas leur rôle bien qu’ils dirigent aujourd’hui la région », ajoute Nabil Benabdallah.

Contre la théorie du complot

Mais, sur les raisons de sa démission, même s’il a critiqué le fort absentéisme des élus du parti au parlement et au conseil de région, El Omari reste vague. Il a expliqué lors de cette conférence de presse que c’est  »une décision individuelle émanant d’une conviction personnelle. »

El Omar ne va cependant pas démissionner de son poste de président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima.  »Je suis élu. Il n’y a pas une seule institution qui puisse me démettre de mes fonctions, sauf les élus. Soit je démissionne, soit je suis démis de mes fonctions par les élus. A part ça, il n’y a rien dans le règlement interne des régions qui évoquerait une troisième possibilité. »

El Omari poussé alors vers la porte de sortie ? Il s’en défend et affirme qu’il n’est pas adepte de la théorie du complot.  »Il s’avère, a-t-il dit, que le conspirationnisme existe auprès de certains esprits, ces derniers estimant que certains travaillent pour d’autres.’’ Il s’est  dit  »fier » que sa démission coïncide avec le discours du roi prononcé samedi 29 juillet, dans lequel le monarque marocain avait dénoncé l’immobilisme de l’administration et le manque de crédibilité des partis.

Le PAM est très vite devenu la seconde force politique du Maroc, derrière les islamistes du Parti Justice et développement (PJD), qui dirigent l’actuel gouvernement de coalition. Lors des élections législatives d’octobre 2016, le parti du Tracteur a obtenu 102 des 395 sièges (25,82%) à pourvoir au Parlement, derrière le PJD (125 sièges, 31,65%). Lors des élections locales de 2015, le PAM avait nettement surclassé le PJD pour les conseils municipaux avec 21% du nombre de sièges, et obtenu 132 sièges pour les conseils régionaux, derrière le PJD (174 sièges).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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