Le ministre des Affaires étrangères algériens a déclaré vendredi dernier, devant des hommes d’affaires algériens, que les banques marocaines blanchissaient en Afrique l’argent de la drogue et que la compagnie aérienne Royal Air Maroc ne transportait pas que des passagers
Une semaine folle s’achève après le tollé provoqué au Maroc – et en Algérie, dans les réseaux sociaux – par les déclarations du chef de la diplomatie algérienne, Abdelkader Messahel, selon qui les banques marocaines blanchissent en Afrique l’argent de la drogue et la compagnie aérienne Royal Air Maroc ne »transporte pas que des passagers ».
Un peu moins d’une semaine après ces déclarations faites vendredi dernier à l’université du FCE en réponse à des questions d’hommes d’affaires algériens, leur onde de choc ne s’est pas encore estompée au Maroc. A Alger, on en a, depuis, minimisé l’importance, comme pour »clore » l’incident diplomatique.
Avec une extrême réactivité, le ministère des Affaires étrangères marocain a convoqué dans la soirée de vendredi le chargé d’affaires de l’ambassade d’Algérie à Rabat, à qui on a »signifié le caractère irresponsable, voire enfantin, de ces déclarations. » Le communiqué du ministère de la diplomatie marocaine a annoncé le rappel »pour consultation », de l’ambassadeur du Maroc en Algérie.
Les banques s’insurgent
Dans la journée de samedi, les banques marocaines réagissent. Dans un communiqué, elles s’insurgent »vigoureusement contre ces allégations graves et mensongères ». Le groupement des banquiers marocains souligne que ces » déclarations témoignent de l’ignorance totale et flagrante des règles de gouvernance et d’éthique qui régissent les activités des banques marocaines dans le monde et, bien entendu, sur le continent africain ». »Le secteur bancaire marocain est cité comme référence dans la région MENA et en Afrique par sa solidité, ses performances et son respect des règles prudentielles les plus avancées particulièrement les normes Bâle II et III, IFRS… »
De son côté, la compagnie aérienne marocaine (RAM), en réponse à la déclaration du ministre algérien, a également réagi : »Royal Air Maroc s’indigne de ces propos calomnieux exprimés à l’égard d’une compagnie aérienne qui œuvre, depuis plusieurs décennies, pour le renforcement des liens sociaux et économiques en Afrique ». Et d’ajouter dans son communiqué : »L’OACI et les autorités aéronautiques de chaque pays sont particulièrement vigilantes et soucieuses du strict respect de la réglementation internationale en matière de sécurité et de sûreté. »
Partis politiques, le courroux
Dans les milieux politiques marocains, c’est aussi l’indignation. Le Rassemblement national des indépendants (RNI), un parti qui rassemble les cadres marocains, a dénoncé ce qu’il considère comme »des déclarations incompréhensibles » et « erronées » du ministre algérien des Affaires étrangères, estimant qu’elles « bloquent toute initiative avant-gardiste visant la réalisation d’un réel développement économique entre les pays de la région et la rupture avec la logique du repli et de l’isolationnisme ».
De son côté, le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS, communiste) Nabil Benabdallah a dénoncé dimanche l' »ignorance totale des mécanismes de fonctionnements des institutions que le MAE algérien a osé citer, et sa profonde haine envers les réalisations du Maroc, particulièrement celles relatives au renforcement de la coopération avec les pays africains ».
Le Mouvement populaire (MP) d’Ahmed Laenser a, quant à lui « rejeté catégoriquement » les déclarations « dangereuses » de Abdelkader Messahel, « qui a cru que ces accusations fallacieuses et ces déclarations sans fondement pourraient porter atteinte à la coopération solide existant entre le Maroc et ses frères africains ou occulter les échecs patents de l’Algérie sur les plans économique, social et politique »
{jumi [*5]}