Le parti au pouvoir, le PJD, et celui proche du Roi, le PAM, ont remporté les premières élections locales et régionales organisées au Maroc depuis la mise en place d’une nouvelle constitution en 2011, au plus fort du Printemps arabe.
C’est un véritable ‘’mano à mano’’ auquel se sont livrés les partis Justice et Développement (islamiste, modéré) et le Parti de l’Authenticité et de la Modernité (PAM, centre) lors des élections communales et régionales du 4 septembre 2015, en prélude aux législatives de 2016. Selon le ministère de l’Intérieur, le parti du chef du gouvernement Abdelilah Benkirane a remporté les élections régionales, dont les conseils régionaux, alors que le PAM a, lui, fait main basse de la plupart des communes du pays. Un communiqué du ministère de l’intérieur marocain donne ainsi le PAM vainqueur, à la fin de l’opération de dépouillement des bulletins de vote, des élections communales ave 6.655 sièges (21,12%), devant le Parti de l’Istiqlal (5.106 sièges, (16,22%) et le PJD (5021 sièges, 15,94%), qui arrive donc en troisième position. Le Rassemblement national des Indépendants (RNI) du ministre des affaires étrangères Slahddine Mezouar, qui est venu en quatrième position, a remporté quant à lui 4.408 sièges (13,99%), le Mouvement populaire (MP) de Mohamed Laenser a remporté 3.007 sièges (9,54%), précise la même source, alors que l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP, socialiste), le parti du Progrès et du Socialisme (PPS, communiste) et l’Union Constitutionnelles (UC, centre) ont remporté respectivement 2.656 sièges (8,43%), 1.766 sièges (5,61%) et 1.489 sièges (4,73%).
Le PJD remporte la bataille des conseils régionaux
Mais, s’il a laissé quelques plumes pour les »communales », même s’il a remporté la bataille des villes, une guerre de prestige face au PAM et à l’Istiqlal en glanant la citadelle de Fès, le parti au pouvoir a cependant fait main basse sur les Conseils régionaux. Selon les premiers résultats communiqués par le ministère marocain de l’Intérieur, le PJD arrive en tête des élections des membres des conseils régionaux en remportant 174 sièges (25,66%), devant le PAM (132 sièges, 19,47%) et le parti de l »Istiqlal (119 sièges, 17,55%). Le RNI a obtenu 90 sièges (13,27%), le Mouvement Populaire 58 sièges (8,55%) et l’USFP 48 sièges (7,08%). Ces élections locales restent cependant largement boudées par les électeurs, avec seulement un taux de participation de 53,67%, d’ailleurs prévu par les observateurs, qui avaient tablé sur un fort taux d’abstention. Les résultats de ces élections locales dessinent en fait la nouvelle carte politique du Maroc, à une année des élections législatives. Si le PJD, qui a remporté en 2011 les premières élections législatives post-printemps arabe, reste toujours solide, le PAM, parti fondé par Fouad Ali El Himma, proche du roi, a faussé les calculs en devenant pratiquement le second plus important parti du pays, et relègue au rôle d’outsiders l’Istiqlal, l’USFP, le RNI et le PPS. A noter enfin qu’un appel au boycott de cette consultation avait été lancé par l’association Al Adl Wal Ihsane, et des partis de l’extrême gauche, dont Ennahdj Eddimocrati ( La Voie Démocratique).