La progression des salaires dans le secteur privé au Maroc évolue peu. Les différences de salaires selon les cotisations sont également importantes selon les affiliations aux caisses de retraite.
Le salaire a peu évolué en 2014 pour les quelque trois millions de salariés déclarés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), a seulement 1,7% en nominal, soit 4.811 DH par mois (environ 400 euros). C’est, pratiquement, la plus faible progression en cinq ans, d’autant que 43,4% des travailleurs qui cotisent à la même caisse ont un salaire égal ou inférieur au Smig. Après la hausse décidée par le gouvernement Benkirane en deux tranches (5% chacune) en 2014, le Smig au Maroc est de 2.450 DH par mois. L’année dernière, 87,2% des salariés déclarés perçoivent moins de 6 000 DH par mois, soit, à une décimale près, la même proportion qu’en 2013. C’est à peu près le même scénario de ralentissement de l’évolution des salaires à la Caisse marocaine interprofessionnelle de retraites (CIMR), qui regroupe de grosses entreprise privées basées pour la plupart à Casablanca. A la CIMR, il y a également une baisse sensible du rythme de progression du salaire moyen avec seulement +1,89% en 2014, contre +3,86% en 2013 et +6,41% en 2009. Selon des chiffres fournis par la CIMR, le salaire moyen déclaré est de 11 205,60 DH par mois en 2014, soit 2,3 fois celui de la CNSS. En fait, les disparités entre les deux caisses en termes de salaires de leurs cotisants sont importantes. Les salariés du secteur privé affiliés à la CNSS, avec une mensualité de 4.811 DH par mois gagnent ainsi 2,3 fois moins que ceux déclarés à la CIMR et 34% de moins que les salariés de la fonction publique. Et, plus globalement, les hausses du salaire moyen à la CNSS sont de 1,7% en 2014 contre une hausse moyenne de 2,8% entre 2010 et 2014. A la CIMR, même situation avec une augmentation de 1,9% contre 3,86% en 2013 et 6,4% en 2009. Au Maroc, il y a en réalité une grande dispersion des niveaux de salaires, allant de 1.500 DH mois dans le secteur des services dans le privé, à plus de 20.000 DH dans les NTIC et les banques pour les cadres supérieurs.
Caisses de retraite dans le rouge
Une situation qui complique davantage la trésorerie des caisses de retraites marocaines. Selon des statistiques données par des caisses de retraite marocaines, leur situation est alarmante. Il y a en fait une hausse des retraités par rapport aux assurés sociaux durant les dernières années avec une proportion de 3,9 assurés sociaux qui cotisent aux différents régimes de sécurité sociale au Maroc pour un seul retraité en 2009-2010. Une étude du Haut commissariat au Plan (HCP) relève de son côté que la dépense totale des retraites représenterait 10% du PIB marocain à l’horizon 2050, contre 3% en 2010, tandis que les recettes ne représenteraient que 2,6% du PIB, soit un déficit de 7,4%. Une situation d’autant critique que le gouvernement éprouve les pires difficultés pour relancer la croissance économique et stopper le déficit public, qui a atteint 5,2% du PIB en 2013.