Le parti d’extrême gauche marocain Ennahdj Eddimocrati (la voie démocratique) estime que les élections législatives prévues vendredi 7 octobre sont sans ‘’enjeux’’, et appelle les Marocains à les boycotter. Le Rassemblement des Indépendants (RNI), qui compte des ministres au sein du gouvernement sortant, est quant à lui pleinement ‘’embarqué’’ dans la bataille électorale.
Dans un entretien au magazine Telquel, Mustapha Brahma, SG d’Ennahdj, explique la démarche de son parti : ‘’Nous considérons toujours que notre position envers les élections est tactique et non stratégique, sachant que le système n’a pas complètement changé. Cela signifie que même si le système makhzénien n’est pas encore aboli, nous pouvons participer quand il y a vraiment des enjeux.’’ Mais, estime t-il, ‘’le système makhzénien offre aux citoyens le choix entre un pôle conservateur réactionnaire et un pôle faussement moderniste et autoritariste’’.
Pour Mustapha Brahma, le fait que des partis dits de gauche, comme la FGD (Fédération de la gauche démocratique), le Parti du progrès et du socialisme (PPS, ex-communiste) ou l’Union socialiste des forces populaires (USFP) participent à ces législatives ne leur donne pas plus de crédit. ‘’Quel que soit le parti qui remportera ces élections, il appliquera le programme de l’Etat’’, rappelle-t-il, avant d’ajouter que ‘’le pouvoir marocain n’est pas prêt pour une vraie alternance.’’
Selon le SG d’Ennahdj, seulement 7 millions de Marocains se rendent dans les isoloirs’’ tandis qu’un ‘’un million votent blanc ou font des gribouillis sur leur bulletin de vote’’. ‘’Tout ce que nous essayons de faire, c’est de donner un sens à la politique et endosser ce refus massif pour dénoncer cette mascarade dite des élections’’, explique-t-il.
Mezouar, l’intello des législatives 2016
A contrario de cette position de boycott, Salaheddine Mezouar, président du Rassemblement national des indépendants (RNI, libéral), se jette résolument dans la bataille électorale, espérant briser le ‘’dualisme’’ politique ambiant entre les ‘’conservateurs’’ du Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste) au gouvernement et les ‘’modernistes’’ du Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM), réputé proche du Palais. ‘’Les Marocains refuseront toujours que l’on décide à leur place’’, estime-t-il dans des déclarations rapportées par des médias marocains.
Concernant ses 25 ‘’engagements ’’, dont la relance de la croissance entre 4,5 et 5%, l’emploi, la santé, l’éducation, Salaheddine Mezouar souligne : ‘’Nous souhaitons les mettre en œuvre dans les 100 premiers jours du prochain mandat’’. Et, s’il remporte ces élections, ajoute-t-il, le RNI se verrait à l’aise dans un gouvernement de coalition’’.
Selon lui, la tactique du RNI dans cette campagne électorale est simple : ‘’Un job pour tous’’, car il compte ramener le taux de chômage de 10% à 8%. Comment ? ‘’Axer les stratégies sectorielles impulsées par l’Etat sur la création d’emplois’’ et, surtout, ‘’relancer les investissements et allumer les nouveaux moteurs de la croissance que sont les régions.’’
En revanche, ce parti ne prévoit presque ‘’rien’’ pour les libertés individuelles. Il est vrai que son président est le ministre des Affaires étrangères du gouvernement sortant, dirigé par les islamistes du PJD.