Rien ne va plus entre le gouvernement Benkirane et les syndicats. Les hostilités sont ouvertes entre les deux parties après la présentation au parlement par la Primature du texte sur la réforme des retraites, et le »niet » sur la hausse des salaires.
Grosse colère au sein des syndicats marocains, après le lâchage du gouvernement sur le dossier de la réforme de la retraite en particulier et le dialogue social en général. Le gouvernement marocain, dirigé par les islamistes du PJD, a annoncé le début des discussions au niveau de la Commission des finances, de la planification et du développement économique du parlement sur la réforme des retraites, qu’il veut allonger à 63 ans. L’étonnement est grand chez les syndicalistes, qui n’ont pas été consultés, ni associés à cette décision à l’issue de deux rounds de discussions avec le gouvernement au mois de mai. Craignant un passage en force de cette réforme du régime des retraites, les quatre syndicats les plus représentatifs du Maroc, la Confédération démocratique du travail (CDT), l’Union marocaine du travail (UMT), la Fédération démocratique du travail (FDT) et l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) annoncent une série de manifestations, de grèves et de sit-in pour alerter l’opinion publique sur la dangerosité des lois sociales que veut faire adopter le gouvernement, à quelques mois de la fin de son mandat.
La »Protesta » même en été
»Le gouvernement a choisi de faire la sourde oreille aux revendications populaires et d’entamer la discussion de ces projets de loi dans le but de les faire adopter coûte que coûte avant la fin de son mandat, sans prendre en considération les attentes du peuple exprimées par les syndicats et qui concernent plusieurs dossiers sociaux, notamment la réforme des retraites et la hausse des salaires pour les employés », souligne Abdelkader Zaïr de la CDT. Il ajoute: »il ne nous laisse pas d’autre choix que de lui mettre la pression. Cette politique gouvernementale de fuite en avant le mettra au pied du mur. » La »protesta », dont le début n’a as encore été défini par les quatre syndicats, sera inauguré par une marche nationale à partir de toutes les villes du Maroc vers Rabat. Il y aura en outre des sit-in dans les lieux de vacances et des pétitions seront lancées pour inviter les citoyens à participer aux protestations au mois d’août, indiquent les syndicats, selon lesquels »ces pétitions qui seront distribuées et signées même au niveau des plages visent à mobiliser l’opinion publique afin qu’elle adhère à ce programme. » C’est à la fin décembre dernier que le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane avait annoncé devant les parlementaires son projet de réforme des caisses de retraite, dont la révision de l’âge de départ à la retraite qui sera à 63 ans à l’horizon 2019.
Le gouvernement veut »aller de l’avant »
Jeudi dernier lors de la réunion hebdomadaire du Conseil de gouvernement, M. Benkirane avait appelé les membres du gouvernement »à aller de l’avant durant la période restante du mandat pour achever les tâches qui leur incombent », soulignant que »les lois devant être adoptées lors de l’actuelle session parlementaire finiront par voir le jour ». Selon le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, »le Chef du gouvernement a fait savoir qu’il a été convenu de la publication de ces lois lors de l’actuelle session parlementaire, au cours d’une réunion avec les partis de la majorité, que ce soit la loi relative à la grève ou celle de la réforme des régimes de retraite ». La publication de ces lois »ne peut en aucun cas être retardée », a précisé M. El Khalfi. Une position qui a déstabilisé les syndicats marocains, qui ont dés lors promis de multiplier les grèves et les protestations contre cette décision du gouvernement, et pour dénoncer l’absence de discussion des projets de loi sur la retraite dans le cadre du dialogue social avant leur présentation au Parlement.
Pour 600 DH de plus!
En plus de discussions sur la réforme des caisses de sécurité sociale, ou la réforme du régime de retraites, les syndicalistes maintiennent leur revendication d’une hausse de 600 dirhams des salaires dans le secteur public, les collectivités locales, dans les entreprises et établissements publics. Une revendication difficile à satisfaire par l’Exécutif, car la masse salariale dépasse les 105 milliards de DH en 2016 et engloutit 33% du budget de l’Etat. D’autant que la masse salariale a augmenté au Maroc, durant ces dix dernières années, en moyenne de 6% par an, et dans le même temps, les effectifs dans la fonction publique n’ont progressé que de 1,37%. Le carnet de revendications des syndicats porte par ailleurs sur l’amélioration des conditions de travail, le droit à la grève des travailleurs, la santé, et l’avancement dans les grades pour les travailleurs de la fonction publique.