Le calvaire enduré depuis avril dernier par des réfugiés bloqués près de Figuig, au Maroc, prend fin. Ils survivaient dans des conditions épouvantables grâce à la générosité de la population
Pour le délégué du HCR à Rabat, c’est un ‘ »‘ouf de soulagement » après la décision du roi Mohamed VI d’accéder à la requête de ces Syriens d’obtenir le statut de réfugiés.
Mardi, Mohamed VI, à l’occasion de la journée mondiale des réfugiés, avait enfin exaucé le voeu des réfugiés Syriens, après une longue polémique avec l’Algérie sur leur sort. Rabat ayant au début accusé l’Algérie de les avoir chassées de l’autre côté de ses frontières, Alger tenant exactement le discours contraire, ce qui avait irrité le HCR.
ne situation dénoncée par les ONG de défense des droits de l’Homme algériennes, marocaines, françaises et internationales, dont Amnesty. La décision du monarque marocain intervient également presque une semaine après la visite privée à Rabat du président Français Emmanuel Macron, à qui une lettre ouverte avait été adressée par ces ONG pour intercéder auprès du roi pour ces réfugiés Syrien.
Mohamed VI a ordonné le »traitement immédiat de la situation d’un groupe de 13 familles de nationalité syrienne se trouvant depuis plusieurs semaines à la frontière algéro-marocaine », selon un communiqué du cabinet royal. Selon les rapports d’ONG marocaines, ce sont les forces de sécurité marocaines qui avaient bloqué les familles Syriennes dans un endroit inhospitalier, près de la ville de Figuig, et les ont empêchées d’aller soit au Maroc, soit en Algérie.
Dans un long communiqué de protestation début juin, Amnesty avait estimé qu »en refusant aux réfugiés syriens la possibilité d’entrer en contact avec le HCR, les autorités marocaines bafouent leurs obligations internationales. »
»Ces personnes ont fui des massacres et des bombardements en Syrie et sont venues chercher la sécurité dans un autre pays, les autorités marocaines doivent leur accorder le droit de demander l’asile », a affirmé Heba Morayef, directrice des recherches pour l’Afrique du Nord à Amnesty International.
Les réfugiés Syriens, dont certains avaient pu fuir le camp de Figuig et se rendre à Oujda, puis à Rabat pour s’enregistrer auprès du HCR, étaient bloqués depuis le mois d’avril dans une zone tampon située sur le territoire marocain. Ils ont jusqu’à présent survécu grâce à l’aide et aux denrées fournies de manière informelle par des habitants de Figuig.
Un humanitaire franco-marocain, le Dr Zouhir lallana, avait signalé à Middle East Eye (MEE) que »des militaires marocains maintiennent ces réfugiés dans la zone tampon, entre l »Algérie, côté Beni Ounif, et le Maroc, côté Figuig. »
‘’Les réfugiés Syriens ont pu tenir depuis six semaines dans des conditions humanitaires extrêmes, explique MEE, en grande partie grâce à la solidarité des habitants de Figuig qui, en bravant les autorités et en prenant de très gros risques, donnaient chaque jour des rations alimentaires et 50 litres d’eau aux passeurs de la frontière pour qu’à leur tour, ils les acheminent jusqu’aux migrants. »
Amnesty a souligné que »les gardes frontières marocains n’ont pour l’instant autorisé aucun groupe marocain de défense des droits humains, ni aucune organisation humanitaire, y compris le HCR, à se rendre sur place ». Le HCR a indiqué de son côté qu’il »n’est pas présent dans cette zone frontalière et n’est autorisé à enregistrer directement les demandeurs d’asile que dans un seul bureau situé à Rabat, capitale du Maroc ».
Dans le fond, cette triste affaire aurait pu être réglée rapidement, car les familles Syriennes , depuis le début, voulaient aller s’enregistrer comme réfugiées et bénéficier de ce statut auprès de la délégation du HCR au Maroc.