Sur ‘‘instructions royales’’, une seconde opération de régularisation des subsahariens en situation irrégulière au Maroc a été lancée lundi dans »l’immédiat ». Un pied de nez au gouvernement algérien?
Mohamed VI a ordonné, dès son retour de sa tournée africaine, le lancement immédiatement d’une deuxième phase d’intégration des personnes en situation irrégulière, “tel que cela était déjà prévu pour fin 2016” , avait annoncé lundi la commission nationale chargée de la régularisation et l’intégration des migrants au Maroc. Dans un communiqué, la Commission relève que “la première phase de cette opération” avait concerné environ vingt-cinq mille personnes.
La mesure, qui avait été décidée par les autorités marocaines après les nombreuses condamnations d’ONG pour le traitement dégradant de subsahariens près des enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta entre 2012 et 2014, avait »un caractère exceptionnel et ne prévoyait pas officiellement de seconde phase », selon des déclarations en février 2015 de l’ex-ministre délégué à l’Intérieur, Charki Drais.
Les reconduites aux frontières de subsahariens par les autorités algériennes début décembre 2016, semblent avoir donné l’idée au Maroc d’organiser une seconde opération de régularisation des dizaines de milliers de subsahariens, bloqués dans le pays, mais en attente de passer en Europe via les deux enclaves de Melilla, près de Nador (Nord-est) et Ceuta (M’diq).
En 2014, sous une vive pression internationale, qui a dénoncé les opérations d’expulsion de milliers de réfugiés subsahariens, dont beaucoup avaient fui les guerres cycliques dans leurs pays, le Maroc a organisé la régularisation de quelque 20.000 étrangers, la plupart subsahariens.
Gendarme de l’Europe
Selon le ministère de l’Intérieur, entre 25.000 et 40.000 étrangers »sans papiers » vivent au Maroc, et la plupart ont déjà »mis pied à terre » dans le pays, définitivement résolus à abandonner la poursuite de l’aventure vers l’Eldorado européen.
C’est sur la base d’un rapport sur la situation des migrants et des milliers de réfugiés établi par le Conseil marocain des droits de l’homme (CMDH), que Mohamed VI avait donné le feu vert à la première opération de régularisation des ‘’sans papiers’’ au Maroc.
Selon ce rapport, »le Maroc n’est plus seulement un pays de transit (vers l’Europe à travers les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla), mais également un pays de résidence pour les migrants (…) »
Sur les 27 000 dossiers collectés dès 2014 pour régularisation exceptionnelle, près de 18 000 ont été validés. Mais à la fin des opérations, en février 2015, l’Etat a de nouveau changé de fusil d’épaule en se lançant dans une chasse à l’homme, dans les zones limitrophes des deux enclaves espagnoles dans le nord du pays.
« Par calcul politique, le royaume tente de forcer l’idée qu’il est devenu une terre d’accueil », écrit Le Desk.ma. »Selon nos enquêtes, plus de 80 % des candidats à l’immigration ont déclaré que le Maroc est un pays de transit même s’ils régularisent leur situation.
En clair, le Maroc exécute la politique européenne tout en étant dans le déni de son rôle de gendarme de l’Europe », avait déclaré au »Desk » il y a tout juste un an, Mohamed Benaïssa, président de l‘ Observatoire du Nord des droits de l’Homme (ONDH).
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