Pour lui, si »les voix engrangées par le PJD ne se traduiront pas forcément en présidences de ville (…) » elles lui donneront »un rôle de faiseur de rois au niveau local » ; ce qui ne sera pas pour plaire à la monarchie et à ses clients dans les régions. Dans les villes, rappelle-t-il encore, ce parti se renforce au sein des classes moyennes qui, même quand elles ne partagent pas son idéologie, le créditent d’une plus grande »intégrité ».
Les islamistes du Parti pour la justice et le développement (PJD islamiste, au pouvoir) sont bien partis pour rempoter les élections législatives, prévues en septembre 2016. Ce sont là les prévisions de Mohammed Madani, professeur à l’Université de droit de Rabat, après l’annonce des résultats des élections locales et régionales au Maroc, de vendredi 4 septembre.
Le PJD, qui a remporté les élections régionales avec 174 sièges (25,66% des suffrages) devant le Parti de l’authenticité et de la modernité (PAM, 132 sièges, 19,47%) et l’Istiqlal (119 sièges, 17,55%), fait figure de potentiel favori pour les législatives, estime ce politologue. D’autant que lors des élections communales, explique-t-il dans une interview parue hier dans le quotidien français Le Monde, il a quasiment dominé dans les grandes villes (Casablanca, Fès, Rabat, Agadir, Kenitra, etc.) bien que la première soit revenue, pour ce scrutin, au PAM.
Dans les villes, rappelle encore Mohammed Madani, le PJD se renforce au sein des classes moyennes qui, bien qu’elles ne partagent pas forcément son idéologie, votent pour ses candidats crédités d’une plus grande »intégrité ».
»Le PJD un est un parti urbain, le PAM un parti rural »
Pour Mohammed Madani, ces élections, qui »traduisent la polarisation entre le PJD et le PAM » profitent principalement au PJD. »L’entrée en force du PAM, qui dispose d’importants relais médiatiques et institutionnels, aurait pu l’affaiblir. Or il progresse », observe encore le politologue marocain estimant que »les autres partis, notamment l’Union socialiste des forces populaires (USFP, gauche) reculent dans les villes », et que le PAM, un parti créé en 2008 par un proche du roi, Fouad Ali El Himma, »a surtout une clientèle rurale, là où l’administration a encore la main sur les électeurs ».
Pour le politologue marocain, la victoire du PJD aux élections régionales et sa deuxième place aux communales, »réduit (…) la marge de manœuvre du Palais », aux niveaux de gouvernance locaux : »Les voix engrangées par le PJD ne se traduiront pas forcément en présidences de ville (…), mais ce qui est sûr, c’est qu’elles vont donner au parti islamiste un rôle de faiseur de rois au niveau local. » Si ce n’est pas là, explique-t-il, à proprement parler »une menace » pour le Palais, c’est pour lui du moins »un sérieux problème ».
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