Dans une lettre écrite depuis sa cellule de la prison Oukacha Zefzafi a réaffirmé »l’innocence » des détenus du Hirak.
Le procès des militants du Hirak a été une nouvelle fois reporté par la cour d’appel de Casablanca au 21 novembre au cours d’une audience marquée par l’expulsion du leader du mouvement rifain, Nasser Zefzafi.
La Chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca a annoncé, lors de l’audience de lundi, le renvoi au 21 novembre du procès « des mis en cause dans les évènements survenus à Al Hoicema ». Le procès de ces militants du Hirak, dont les leaders Zefzafi et Ahamdjik, ainsi que le journaliste Hamid El Mahdaoui, directeur du site « bladi.info », a été reporté à plusieurs reprises.
Durant cette audience, les avocats de la défense ont sollicité la Cour afin de permettre aux accusés de se présenter individuellement devant le juge au lieu de comparaitre « dans l’espace qui leur était réservé jusqu’ici ». En effet, les militants du Hirak étaient confinés dans une cage en verre, et dans trois groupes distincts (Ahamjik, Zafzafi et El Mahdaoui) qui ont été regroupés le 2 novembre.
Selon le procureur du roi près la Cour d’appel de Casablanca, un des accusés a été expulsé de la salle pour avoir pris la parole sans autorisation. Selon des témoins, il s’agit de Nasser Zafzafi, qui aurait lancé des slogans durant l’audience. Dénonçant son expulsion, les autres accusés auraient demandé à quitter eux aussi la salle d’audience.
Par ailleurs, la Cour d’appel de Casablanca tiendra demain, jeudi 9 novembre, une audience consacrée à l’examen de la requête des avocats de la défense d’accorder la liberté provisoire aux accusés.
De lourdes charges pèsent sur les accusés, en particulier »atteinte à la sécurité intérieure de l’État », « tentatives de sabotage, de meurtre et de pillage », « réception de fonds, de donations et d’autres moyens matériels destinés à mener et à financer une activité de propagande à même d’attenter à l’unité et la souveraineté du Royaume ».
« Les militants du Hirak sont innocents »
Dans une lettre écrite depuis sa cellule de la prison Oukacha de Casablanca, qu’il a transmise via son avocat Mohamed Ziane et authentifiée par ses proches dont son père, Zefzafi a réaffirmé »l’innocence » des détenus du Hirak de l’ensemble des accusations portées contre eux.
Pour lui, ces accusations ne sont que »calomnie et machination, tentatives désespérées de faire taire la voix de la liberté. Une voix qui dénonce, ajoute t-il, depuis le décès du martyr Mohcine Fikri, les corrompus au sein des autorités locales, des élus, des responsables gouvernementaux et des boutiques politiques ».
La contestation dans le Rif a explosé le 28 octobre 2016 avec la mort dans d’effroyables circonstances de Mohcine Fikri, un poissonnier d’Al Hoceima qui voulait sauver de la destruction sa marchandise de poissons, saisie par la police.
Selon le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement et la société civile et porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, 176 personnes avaient été arrêtées et placées en détention préventive suite aux manifestations de protestation du Hirak à Al Hoceima.
Selon le Hirak, ils étaient plus de 200 personnes à avoir été arrêtées, certaines étant déjà condamnées à de lourdes peines de prison, alors qu’une infime partie a été graciée par le roi lors de la fête du trône fin juillet pour cause de maladie.