Le chef de l’exécutif confirme en même temps que les nouveaux ministres pour les postes vacants seront issus des mêmes partis que les »limogés » par Mohamed 6.
Les discussions sont entamées pour la désignation des remplaçants des ministres (Habitat, Santé, Education) limogés la semaine dernière par le roi, à la suite des révélations d’un rapport accablant sur le sous- développement dans le Rif.
C’est le chef de gouvernement Saad Eddine El Othmani, qui a indiqué dimanche qu’il attendait les propositions pour la désignation des nouveaux ministres. Et, dans la foulée, a écarté tout remaniement ministériel, après le limogeage des ministres en charge des secteurs de l’Habitat (Nabil Benabdallah), de l’Education (Mohamed Hassad) et de la Santé (El Hocine El Ouardi).
« Nous attendons les propositions des noms de nouveaux responsables », a expliqué El Othmani sur le site du PJD sur la démarche prise pour pourvoir les postes ministériels vacants. Le chef de gouvernement a, en fait, déjà entamé les consultations avec le PPS et le MP pour que les responsables de ces deux partis, Nabil Benabdellah et Mohand Laenser, proposent des noms de nouveaux ministres. Ce faisant, le chef de l’exécutif confirme en même temps que les nouveaux ministres pour les postes vacants seront issus des mêmes partis que les »limogés » par Mohamed 6.
El Othmani a ajouté que »nous attendons les résultats des réunions de ces deux instances partisanes », et, dès réception des noms proposés, il les soumettra au Roi. Les tractations devraient avoir lieu dans les prochains jours après les propositions des »ministrables » des deux partis. Selon Saad Loudiyi, chef de Cabinet d’El Othmani, ‘’le chef du gouvernement proposera uniquement des noms pour remplacer les responsables démis de leurs fonctions ».
Sanctions en cascades
Un rapport commandé par le roi sur la situation dans le Rif à la cour des comptes rendu public mardi dernier, a révélé de graves défaillances, sinon des négligences au plus haut niveau, dans l’application et l’exécution du programme »Al Hoceima, manarat en moutawassit », lancé en 2015. Selon le rapport présenté au roi, sur les 644 projets prévus dans le programme, les réalisations à fin 2016 se limitaient à 5 projets achevés et 45 projets en cours.
Fin octobre 2016, la mort effroyable d’un poissonnier à Al Hoceima, a été le détonateur d’une contestation populaire généralisée dans le Rif, avec comme principale accusation des jeunes du Hirak contre le pouvoir central, la marginalisation de la région, la corruption de l’administration locale, le chômage et le manque d’infrastructures.
Le rapport de la Cour des comptes confirme qu’il n’y a eu aucun cas de fraude ou de malversations, mais beaucoup de bureaucratie et des retards injustifiés. Pour illustrer ce retard dans la réalisation de ce programme de développement pour la région du Rif, la commission de suivi de ces projets, composée des responsables sanctionnés, ne s’est réunie qu’en février 2017, soit 16 mois après la signature de la convention.
Outre les trois ministres sanctionnés, le secrétaire d’État à l’Éducation nationale Larbi Bencheikh et le directeur de l’Office national de l’eau et de l’électricité (ONEE), Ali Fassi Fihri, ont été eux également limogés.
A Al Hoceima, pourtant, la mobilisation est toujours de mise pour la libération des prisonniers du Hirak, arrêtés lors des manifestations de protestation organisées entre les mois de mai, juin et juillet derniers pour dénoncer autant les violences policières que la marginalisation et la militarisation du Rif. Beaucoup d’entre eux attendent, par ailleurs, leurs procès.