Au Maroc, les traditionnelles inégalités sociales et économiques entre régions demeurent. C’est le dur constat établi par les participants au séminaire sur »La problématique des inégalités : un enjeu crucial pour le développement du Maroc », organisé fin avril à Rabat.
Le séminaire, organisé par les services du chef du gouvernement et la Banque africaine de développement (BAD), a montré par les chiffres que les fortes inégalités sociales persistent entre les zones rurales, sous équipées, et les zones urbaines, où est constatée une légère amélioration des indicateurs sociaux. Premier constat des participants à ce séminaire: si la croissance économique a été plus ou moins importante, entre 2,5% et 4,5%, ces dernières années, elle n’a pas donné lieu à une amélioration des indicateurs sociaux, encore moins atteint les OMD (objectifs du millénaire) tracés par l’ONU. Il s’agit en particulier de la poursuite des fortes inégalités sociales entre les milieux urbains et ruraux. »Il faut plutôt s’attaquer aux injustices et à l’exclusion au sein de la société », estime le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane. Selon des enquêtes nationales, les 3/4 des habitants en zones urbaines âgés de 10 ans et plus savent lire et écrire, contre la moitié seulement des ruraux. La différence est encore plus importante pur la population de 60 ans et plus, avec 33% qui savent lire et écrire en zone urbaine (49% des hommes et 16% des femmes), alors que dans les zones rurales, ce taux tombe à 10% (18% des hommes et 1% des femmes). D’autre part, près de 15% des ménages marocains ayant un enfant de 6 à 15 ans, ont au moins un enfant qui n’est pas scolarisé (7% en milieu urbain et 27% en milieu rural). Autre constat alarmant: Si le raccordement à l’électricité est en voie de généralisation, seuls 14% des ménages ruraux sont raccordés à un réseau d’égouts en 2012, contre 93% des urbains. Le faible taux d’activité des hommes et des femmes est également montré du doigt. Ce faible taux d’activité est accompagné par une croissance dominée par des secteurs pauvres en main-d’œuvre qualifiée, ont constaté les participants à ce séminaire. En 2014, le taux d’activité des femmes ne dépassait pas 17,8% en milieu urbain (36,9% en milieu rural), alors que celui des hommes était de 68,2% (78,7% en milieu rural). Faut-il désespérer du développement social au Maroc, en particulier dans les zones rurales où l’alimentation en eau potable des douars et villages n’est pas généralisée, que le chauffage des ménages se fait encore au bois dans nombre de villages du Haut Atlas, et que le réseau d’assainissement (le tout à l’égout) est absent également dans les villages et hameaux de montagnes et même dans les grandes plaines agricoles. Des initiatives sont cependant prises par des ONG pour aider le gouvernement à améliorer ses politiques publiques de développement social, dont la lutte contre l’analphabétisme (plus de 51 % dans les zones rurales), l’accès à l’école, à l’emploi, l’eau et l’électricité.
Le constat du HCP
Mais, selon le Haut Commissariat marocain au Plan (HCP), »le Maroc a déjà réalisé une grande partie des OMD et il devrait avoir réalisé plus de 90% de l’ensemble des objectifs ciblés à l’horizon 2015 ». Si la faim a été pratiquement éradiquée, la pauvreté demeure et constitue la particularité dans les zones rurales et des régions les moins urbanisées. Généralisée depuis 2012, toujours selon le HCP, la scolarisation des enfants a atteint aux taux net de 97% pour les enfants âgés de 6 à 11. Même chose pour la santé, notamment en ce qui concerne la mortalité maternelle et infanto-juvénile qui ont respectivement diminué de près de 60% et 66%, au cours de ces vingt dernières années. Par ailleurs, »l’accès des populations aux services sociaux de base a augmenté avec une cadence plus rapide. Le taux d’électrification rurale s’est établi à 98% en 2012, contre 9,7% en 1994, et celui de la desserte en eau potable à 93% en 2012, contre 14% en 1994. Il n’en reste pas moins que, bien qu’elles aient été stabilisées sur une longue période, les inégalités sociales continuent à manifester une rigidité à la baisse de nature à menacer la consolidation des acquis dans le domaine de la lutte contre la pauvreté et la vulnérabilité », estime le HCP.