Saad Eddine El Othmani a rapidement dénoué le blocage dans lequel s’empêtrait son prédécesseur Abdelilah Benkirane. Il a choisi de céder : l’USFP fera partie du gouvernement, l’Istiqlal reste dehors.
C’est en fait sans surprise, après une réunion des cadres du Parti Justice et développement (PJD) consacrée samedi au choix des ‘’ministrables’’ du part, vainqueur des législatives de 2016, que Saad Eddine El Othmani, a annoncé avoir trouvé un accord avec cinq partis pour former son gouvernement.
Il a ouvert ainsi la voie à la fin d’une crise politique qui aura duré six mois avec à la clé la promulgation de la Loi de Finances 2017 par décret. Le deal, qui évince les conservateurs de l’Istiqlal du gouvernement, confirme les concessions faites par le PJD aux partis proches du palais.
El Othmani a déclaré que ‘’les prochaines étapes consisteront à décider d’une structure de gouvernement et des nominations ministérielles ». « Nous devons aller au-delà des obstacles précédents », a-t-il ajouté, faisant référence aux dures négociations menées par Abdelilah Benkirane, SG du PJD.
Benkirane avait été intransigeant quant à l’entrée au gouvernement des Socialistes de l’USFP, une exigence du Rassemblement National des Indépendants (RNI), dirigé par l’une des grosses fortunes du Maroc et proche du roi, Azziz Akhannouch.
De fait, El Othmani a cédé aux pressions du palais pour aller vite dans la formation de son gouvernement, d’autant que la session de printemps du Parlement doit s’ouvrir le 7 avril prochain. Un accord avec le parti dominant du moment, le RNI, flanqué de ses ‘’protégés’’, l’UC et le MP, et dorénavant des Socialistes de l’USFP, en plus du PPS, a été ainsi mis en place. Il ouvre la voie, avec la liste du PJD, à l’annonce du prochain gouvernement El Othmani. Ses priorités sont simples : poursuite des réformes entamées par Abdelilah Benkirane, notamment dans la Justice, l’éducation, ou le renforcement de la stabilité et le développement des zones rurales et l’énergie.
Le plus vieux et le plus jeune partis absents : l’Istiqlal et le PAM dans l’opposition
L’autre fait à retenirest que le plus vieux parti du Maroc, l’Istiqlal, et le plus jeune, le PAM, seront dans l’opposition. L’absence de l’Istiqlal (le parti de l’Indépendance) dans le gouvernement El Othmani, si cela se confirme, fera date dans l’histoire politique contemporaine du Maroc.
Jamais ce parti nationaliste, le plus ancien parti marocain, créé officiellement en 1943 par Allal El Fassi et Ahmed Balafrej, n’a été absent des gouvernements, qui se sont succédés depuis l’indépendance en 1956 du Maroc. Cheville ouvrière de tous les gouvernements, parti affublé de l’appartenance au ‘’makhzen’’, l’Istiqlal n’a jamais été évincé ni écarté du pouvoir.
L’arrivée en 2012 à la tête du parti d’un drille nommé Hamid Chabat, ex député-maire de la ville ‘’impériale’’, Fes, a tout changé. L’Istiqlal, en moins de deux ans, va être secoué par des scandales et crises politiques et diplomatiques provoquées par son SG.
Après avoir attenté à la souveraineté de l’Algérie en février 2016, il récidive quelque mois plus tard, en faisant des déclarations attentatoires à la souveraineté nationale de la Mauritanie. Il est publiquement désavoué, et provoque l’ire du roi. Dès lors, le président du RNI, Azziz Akhannouch, exige pour son entrée dans le gouvernement lors des difficiles tractations avec Benkirane, l’éviction de l’Istiqlal. Benkirane ne l’a pas fait, mais El Othmani, plus souple, l’a fait.
L’autre formation politique qui ne fera pas partie du gouvernement de Saad Eddine El Othmani, sera le PAM, le plus jeune parti du Maroc, créé le 7 août 2008 par Fouad Ali El Himma, l’autre ‘’ami’’ du Collège royal. Le SG du parti du Tracteur, Ilyas El Omari a réaffirmé ces derniers jours qu’il ne compte pas entrer dans le prochain exécutif et qu’il restera sur les bancs de l’opposition.