Plusieurs leaders du mouvement de contestation rifain »Hirak », dont Nasser Zefzafi et Nabil Ahmadjik, ont menacé de recourir à la grève de la faim pour protester contre leurs conditions de détention, selon leurs avocats.
Les responsables du »Hirak », mouvement né en octobre dernier après la mort d’un poissonnier à Al Hoceima dont la marchandise avait été saisie et détruite par la police, ont été emprisonnés à Casablanca, après un passage par les locaux de la BNPJ. Ils sont, entre autres chefs d’accusation, poursuivis pour »atteinte à la sécurité intérieure ». Selon leurs avocats, cinq des militants du Hirak, dont Zefzafi et Nabil Ahamjik, »protestent contre leurs conditions de détention » et ont »menacé d’entamer une grève de la faim de trois jours ». »Nourriture de mauvaise qualité, isolement, durée des visites limitée à 10 minutes… Les droits fondamentaux des prisonniers ne sont pas respectés », affirme Me Rachid Benali, coordinateur du Comité de défense des détenus d’Al-Hoceïma, cité par l’AFP.
»Ils sont en cellule d’isolement, ce qui s’apparente à une mesure punitive alors même qu’ils n’ont pas été jugés », a dénoncé de son côté Abdessadek El Bouchtaoui, un autre avocat des détenus. Rabii Elabak, un militant du Hirak, est déjà en grève de la faim depuis dix jours, et »son état de santé s’est beaucoup détérioré », a affirmé Me Benali. Un proche de l’un de ces détenus a dénoncé des »conditions de détention déplorables. Il porte les mêmes vêtements depuis son arrestation (…), il a beaucoup maigri ».
Interdit de parler ‘’rifain’’ à Oukacha, une prison de 8000 prisonniers
Selon de nombreux témoignages, les gardiens de la prison d’Oukacha de Casablanca, où s’entassent dans des conditions inhumaines près de 8.000 prisonniers politiques et de droits commun, interdisent aux détenus de parler rifain avec leurs visiteurs.
De son côté, l’administration pénitentiaire affirme dans un communiqué diffusé mercredi »respecter scrupuleusement les droits des détenus », et a rejeté les »rumeurs selon lesquelles ils seraient en grève de la faim ».
Les procès de ces militants du Hirak débuteront lundi 19 juin à Casablanca et devront s’étaler sur un mois. Le leader du mouvement, Nasser Zezafi comparaîtra, quant à lui, le 10 juillet prochain. Selon l’un de leurs avocats, Me Benali, la défense demandera la remise en liberté provisoire des militants. Vendredi, deux personnes ont été remises en liberté après leur audition à Casablanca, toujours selon les avocats.
Par ailleurs, à Al Hoceima, les manifestations se poursuivent chaque soir au quartier Sidi Abed, avec les mêmes revendications: libération des militants emprisonnés, et levée du blocus politique et économique sur la région et toute la lumière sur la mort de Mohcine Fikri. Les forces de sécurité ont de leur côté procédé vendredi à l’arrestation de trois militants du Hirak, dont celle du directeur du site d’information RifPress, Mohammed Al Hilali.
Poursuite des manifestations
Depuis la reprise des manifestations dans le Rif le 26 mai dernier après un prêche contesté par les leaders du Hirak, plus d’une centaine de jeunes d’Al Hoceima, dont des militants du Hirak, ont été interpellés et arrêtés au cours d’une vague d’arrestations sans précédent depuis les manifestations en 2011 du mouvement de jeunes du 20 Février.
Ces arrestations menées souvent en violation des principes de respect des droits de l’homme, avaient visé le noyau dur d’un mouvement de protestation devenu très populaire dans une région où même les partis politiques proches du Palais royal reconnaissent aujourd’hui qu’elle a été laissée à l’abandon et en marge du développement social et économique.