Al Hoceima, capitale du Rif dans le nord marocain, où des manifestations anti-pouvoir sont organisées depuis huit mois, est dépourvue de tout, selon un élu du parti nationaliste Istiqlal. ‘’Les revendications du Hirak nous ont mis à nu’’, a-t-il déclaré.
Depuis le mois d’octobre dernier, des manifestations régulières et persistantes de protestation contre la marginalisation de la région du Rif sont organisées à Al Hoceima. La situation s’est brusquement détériorée début juin avec l’arrestation des chefs de file du mouvement Hirak, créé juste après la mort d’un poissonnier, dont la marchandise avait été saisie et qui a été le détonateur à la contestation. .
Dimanche, après les manifestations de soutien organisées ces derniers jours dans plusieurs villes du royaume, la capitale Rabat avait réuni près de 100.000 manifestants, selon des associations, entre 12.000 et 15.000, selon la police.
Cette marche nationale de »la dignité » en solidarité aux populations du Rif, qui a débuté de Bab El Had, près de la Médina, pour se terminer près de Bab Errouah, un peu plus haut que le Parlement, vers Agdal, a dénoncé la corruption du pouvoir, la marginalisation du Rif et la libération de tous les militants du Hirak. Et elle a pris des proportions politiques dangereuses, et diplomatiques avec des warnings de plusieurs capitales européennes à leurs ressortissants en visite ou résidents au Maroc.
Une région sans prérogatives
Des événements qui auraient pu être évités, selon le premier vice-président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Mohamed Saoud, membre du parti Istiqlal. Selon lui, l’enquête diligentée au lendemain du décès de Mohcine Fikri »n’a pas suffi à calmer les esprits, compte tenu de la gestion calamiteuse des autorités sur ce dossier, le flou autour de la procédure, le peu de communication et le refus de dialogue en ce temps avec les manifestants. »
Mohcine Fikri, outré par la saisie de sa marchandise de poissons, est monté dans le camion-benne qui devait la détruire pour la sauver, mais il a été surpris par la broyeuse du camion. Des manifestations spontanées ont été organisées par les jeunes de la ville, et qui ont exigé des explications aux autorités sur la mort de Fikri.
Selon Mohamed Saoud, il y a ensuite, pour expliquer la colère des jeunes d’Al Hoceima, l’absence de programmes de développement de la région. »La région est dépendante du bon vouloir du gouvernement. Celui-ci a un budget national limité et doit distribuer et ventiler ses actions selon les aléas du moment et selon certains agrégats économiques que les politiques ne maîtrisent pas », a-t-il dit, cité par des médias marocains.
C’est une région »sans prérogatives, sans budget autonome, sans fonctionnaires, sans autorités, voilà la région dont nous avons héritée lorsque nous avons été élus », estime t-il, avant de reconnaître que » les revendications du Hirak nous ont mis à nu, et nous ont mis face à nos propres contradictions et nos responsabilités