Depuis le début du mois de septembre dernier, au moins 13 audiences préliminaires et consacrées aux vices de forme se sont tenues depuis l’ouverture des procès.
Le procès d’une cinquantaine de militants du mouvement de protestation rifain »Hirak », piétine. La justice marocaine n’arrive pas à faire démarrer les procès, alors que les avocats de la défense bataillent pour réfuter les pièces présentées par la partie civile pour inculper leurs mandants.
Résultat: une grève de la faim menée pendant dix jours par les prisonniers du Hirak, dont Nacer Zefzafi, pour protester contre leurs conditions de détention et des mesures de l’administration pénitentiaire jugées »vexatoites » par les avocats de la défense. Le mouvement de protestation, appuyé par une grève de la faim a été suspendu jeudi dernier, selon un avocat de la défense.
Mais, les mauvais traitements des prisonniers du Hirak à la prison d’Oukacha où ils sont détenus depuis mai et juin derniers pour la plupart, ont provoqué la colère des avocats, qui veulent récuser le juge, qui dirige ce procès.
Mohamed Aghanji explique le retrait des avocats de l’audience de mardi dernier par le fait que »le tribunal n’a pas interagi avec notre requête de faire la lumière sur les mauvais traitements que subissent les détenus du Hirak à Oukacha ». Il a précisé que les séquelles de ces mauvais traitements sont bien apparentes sur le corps d’un détenu en particulier, Mouhcine Atari. « Un procès ne peut se tenir si les détenus ne sont pas en sécurité », plaide l’avocat, cité par la presse marocaine.
Selon RFI, les avocats de la défense ont dénoncé lors de la dernière audience de l’année, les conditions de détention jugées « déplorables » des détenus et souligné que ces derniers ont entamé une grève de la faim pour protester contre celles-ci.
Dans un communiqué rendu public, fin décembre, le comité des avocats de la défense explique son retrait et « appelle le tribunal et le parquet à assumer leur responsabilité vis-à-vis des détenus préventifs ».
Depuis le début du mois de septembre dernier, au moins 13 audiences préliminaires et consacrées aux vices de forme se sont tenues depuis l’ouverture des procès, le fond du dossier n’ayant pas été encore abordé.
Au mois de décembre dernier, le juge de la cour d’appel avait manifesté son souhait d’accélérer la cadence, et de passer à deux audiences hebdomadaires consacrées aux plaidoiries de la défense, ainsi qu’aux répliques du procureur et de la partie civile.
Selon les avocats de la défense, le fond du procès des militants du Hirak, en détention depuis plus de 7 mois, pourrait démarrer d’ici 10 à 15 jours. La prochaine audience, elle, se tiendra demain mardi, 9 janvier.
Les militants du Hirak avaient été arrêtés à la suite des manifestations de protestation dans toute la région du Rif contre la marginalisation de la région, la corruption de l’administration et l’extrême pauvreté des populations locales.
Ces manifestations de protestation avaient éclaté fin octobre 2016 après la mort du poissonnier Mohcine Fikri, broyé dans une benne à ordures alors qu’il tentait de sauver sa marchandise de poissons, saisie par la police.