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Maroc: Une année 2016 difficile, l’économie marocaine faiblement résiliente, espoirs pour 2017

Par Yazid Ferhat
août 4, 2017
Maroc: Une année 2016 difficile, l’économie marocaine faiblement résiliente, espoirs pour 2017

L’année 2016 a été difficile pour le Maroc, dont la résilience a été très faible, reconnait dans son rapport 2016 le gouverneur de la Banque centrale, Abdelatif El Jouhari. Bank Al Maghrib préconise dès lors des réformes urgentes.

 

Ce n’est pas une grande surprise, le rapport lucide sur l’état de l’économie marocaine établi par la banque centrale, qui estime que le Maroc affiche une faible résilience, et préconise la mise en place d’«une nouvelle génération de réformes à même de renforcer la résilience de l’économie dans un environnement international incertain.’’ Dans son rapport annuel présenté au roi la semaine dernière, le gouverneur de BAM, relève dans ce rapport qu’’’outre sa faible résilience, la croissance de l’économie nationale demeure faiblement inclusive.’’

‘’Pâtissant de cet environnement externe globalement défavorable et de conditions climatiques particulièrement sévères, l’économie nationale a connu une année difficile sur plusieurs fronts’’, relève le rapport, qui indique que ‘’la croissance s’est limitée à 1,2%, soit le taux le plus bas depuis 2000, avec une forte contraction de la valeur ajoutée agricole et la persistance de l’atonie des secteurs non agricoles.’’ Pis, BAM affirme que ‘’l’activité a nettement ralenti dans les industries de transformation et a continué d’évoluer à un rythme faible. (…) Du côté de la demande, après deux années de participation positive, la contribution des exportations nettes à la croissance est ressortie négative, alors que la demande intérieure a marqué une hausse de 5,5% tirée par une augmentation notable de l’investissement.’’’

Déséquilibres, déficits, faible résilience

Par ailleurs, BAM relève dans le même rapport, sur le plan des équilibres budgétaires, que ‘’ le processus d’ajustement budgétaire entamé en 2013 ne s’est pas poursuivi selon le rythme prévu. Le déficit s’est quasiment stabilisé à 4,1% du PIB, alors que la loi de finances tablait sur 3,5%.’’ Et, ‘’le solde commercial a enregistré une nette détérioration, résultat d’une hausse importante des importations, notamment de biens d’équipement, et d’un ralentissement sensible des exportations impactées par la baisse des cours des phosphates et dérivés.’’

En 2016, le déficit commercial s’était aggravé à 19,6% par rapport à 2016, selon l’Office des Changes. ‘’L’aggravation du déficit commercial enregistré par le Maroc est la résultante d’un accroissement beaucoup plus élevé des importations (+ 9,3%), par rapport aux exportations qui n’ont, quant à elles, connu qu’une légère augmentation (+ 2,1%)’’, explique l’Office.

Dès lors, et ‘’au regard de ces évolutions, 2016 aura été globalement une année difficile, avec un affaiblissement sensible de la croissance et de l’emploi, et une évolution défavorable des déficits jumeaux’’, estime BAM pour qui ‘’cette situation laisse conclure que notre économie présente encore des fragilités importantes et reste vulnérable aux aléas de la conjoncture internationale et des conditions climatiques.’’

Pour la banque centrale du Maroc, ‘’cette situation est (…) préoccupante.’’ ’’Une telle configuration comporte encore plus de risques face aux chocs auxquels notre pays est confronté.’’ Pour relever ces défis, BAM recommande ‘’d’initier une nouvelle génération de réformes à même de renforcer la résilience de l’économie dans un environnement international incertain.’’

L’alerte donnée en …2016

Pourtant, le Gouverneur de BAM avait déjà annoncé, au milieu de 2016, l’incapacité de l’économie marocaine à décoller, durant le second mandat du gouvernement Benkirane.  Dans son rapport annuel de 2016 au Roi, El Jouhari relève que ‘’l’économie marocaine stagne, et n’arrive pas à décoller.’’ Au mieux, la croissance ne sera que de 2% en 2016, impactée par les mauvaises performances du secteur agricole, dont le PIB reste très volatil, alors que les autres secteurs économiques n’arrivent pas à décoller. Baisse des investissements, recul de l’emploi, inflation et baisse des investissements avec comme toile de fond un recul des mises en chantier dans le BTP. La sentence d’El Jouhari est que ‘’le modèle basé sur la demande intérieure comme moteur de la croissance montre ses limites’’. Il faut dès lors revoir les équilibres et les secteurs moteurs de la croissance, avec comme priorité à accorder à l’industrie, qui doit redevenir le moteur de cette croissance, avec l’émergence d’une solide industrie automobile, devenu le poste N1 des exportations marocaines. Plus concrètement, le rapport 2016 de BAM était ‘’conciliant’’ et accommodant avec le gouvernement d’alors,  estimant qu’il faut patienter quelques années avant d’aller relever les effets positifs ou négatifs des écosystèmes mis en place dans certains secteurs (textile, cuir, …).

Espoirs pour 2017 et 2018

Mais, la banque centrale du Maroc laisse entrevoir des perspectives de reprise en 2017, dans son rapport semestriel de juin 2017. ‘’En 2017, l’économie marocaine devrait enregistrer une croissance plus vigoureuse que 2016. La croissance, après le 1,6% en 2016, devrait  »s’accélérer à 4,4% en 2017. » En outre, avec un rebond de la production céréalière, estimée à 102 millions de quintaux, la valeur ajoutée agricole marquerait une hausse de 13,4%, tandis que le rythme du PIB non agricole s’améliorerait de 3,1% à 3,3%. En 2018, note encore la banque centrale marocaine,  »la reprise des activités non agricoles se poursuivrait avec une croissance de 3,6% et, sous l’hypothèse d’une campagne agricole moyenne, la valeur ajoutée agricole enregistrerait un léger recul de 0,9%, la croissance globale devant ainsi revenir à 3,1% ». Pour autant, le gouverneur de Bank Al Maghrib, reste préoccupé par la faible résilience de l’économie marocaine.

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