A moins de 48 du référendum du 5 août sur les amendements constitutionnels rejetés par le Sénat, le ton ne cesse de durcir entre les partisans et opposants à cette consultation.
La bataille médiatique entre le camp du « oui » et celui du boycott devient de plus en plus rude et les marches de protestation contre ce référendum se multiplient malgré leur interdiction et leur répression, parfois brutale, constatent les observateurs.
Le président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a choisi la voie référendaire pour « contourner » le refus des sénateurs de voter les réformes proposées, il a mobilisé tout le gouvernement, dont les membres ont été investis comme directeurs de campagnes dans différentes province du pays.
Ces réformes proposées par le pouvoir, qui concernent la suppression du Sénat et le changement du drapeau et de l’hymne national, « ne répondent à aucun enjeu », selon le camp de l’opposition. Dans son discours prononcé, mardi soir à Nouadhibou (capitale économique), le chef de l’Etat mauritanien a fustigé le camp de l’opposition qui, selon lui, n’existe que de façon « virtuelle ».
« L’opposition n’existe que sur Internet où elle se multiplie sur les réseaux sociaux faisant usage de pseudo et autres identités tirées de l’imaginaire », a-t-il déclaré devant des milliers d’habitants de Nouadhibou.
Il a également affirmé que le Sénat est « miné par la corruption et a coûté près de 37 millions d’euros au contribuable mauritanien depuis sa création ». « Certains membres de cette chambre ne sont parvenus à se faire élire que par l’achat des consciences », a-t-il ajouté. « Ils doivent savoir (les sénateurs) que la volonté du peuple sera en faveur de ses réformes qui apporteront le changement positif au pays », a-t-il conclu.
La contestation
De son côté, l’opposition radicale (plus d’une dizaine de partis politiques) multiplient ses sorties contre le référendum. Des marches de contestation, parfois réprimées, sont organisées dans différents quartiers de la capitale et même à l’intérieur du pays pour dire non aux réformes.
Les opposants dénoncent « l’inconstitutionnalité » de cette consultation qui, selon eux, « consacre la confiscation du pouvoir par le président Mohamed Ould Abdel Aziz, dont lé régime a échoué dans la gestion du pays ».
Des opposants mauritaniens expatriés continuent encore à se montrer sur les réseaux sociaux où ils continuent à appeler à la mobilisation contre le scrutin du 5 août qui « menace de plonger le pays dans l’incertitude ».
La crise lié au référendum a connu depuis hier un développement qualifié « d’inquiétant » par les observateurs, depuis que les sénateurs opposés aux réformes ont décidé d’organiser un sit-in permanent au siège du Sénat pour amener le pouvoir à renoncer à sa « manœuvre ». Les forces de l’ordre ont systématiquement procédé au bouclage des accès du Sénat où l’électricité a été coupée et le ravitaillement en nourriture interdit.
Ce sit-in des sénateurs a été salué par l’opposition radicale (FNDU) qui a souligné dans un communiqué qu’elle « proclame sa ferme solidarité avec les honorables sénateurs qui ont exprimé la volonté du peuple et qui font honneur à la patrie ; condamne énergiquement la répression qu’ils subissent, ainsi que l’outrage à leur honneur, à leur immunité et à l’inviolabilité de leur prestigieuse chambre ». Par ailleurs, l’ONU, par la voie du porte-parole du Bureau des droits de l’homme, Ravina Shamdasani, a exprimé sa préoccupation par rapport à la situation en Mauritanie.
« Nous sommes préoccupés par les troubles qui précèdent le référendum sur les modifications constitutionnelles prévu samedi en Mauritanie », a indiqué un communiqué du porte-parole rendu public ce jeudi. « Nous exhortons le gouvernement à veiller à ce que sa réponse aux protestations soient gérée en conformité avec leurs obligations en vertu du droit international des droits de l’homme », a souligné le communiqué.