Le procès de l’affaire Al Khalifa Bank et Abdelmoumene Khalifa a été ouvert mardi au Tribunal de Blida en présence d’un impressionnant dispositif de sécurité. Pour la première fois, Abdelmoumene Khalifa comparait devant une juridiction algérienne pour répondre des chefs d’inculpation de « constitution d’une association de malfaiteurs, vol qualifié, escroquerie, abus de confiance et falsification de documents officiels ».
Une centaine de prévenus entrent dans le box dont Abdelmoumene Khalifa, Chaachoue Abdelhafid DG de la Sécurité d’Al Khalifa Bank, Akil Youssef SG adjoint à Al Khalifa Bank, Abdelwahab Reda retraité du MDN, entre autres.
D’une mine pale, un physique très amaigri et d’une extrême fragilité, Abdelmoumene Khalifa était assis au premier rang dans le box des accusés emmitouflé dans son costume noir. Il ne leva que rarement ses yeux pour jeter des regards furtifs vers le juge ou ses avocats, tout en évitant sciemment le regard de la salle. Ses mouvements des mains incontrôlés en disent long sur l’état fébrile dans lequel il se trouve. « Qu’attendez vous d’une personne qui a passé huit années d’exile et de prison, exacerbé par un énorme sentiment d’injustice », nous dit Me Lezzar. Une injustice dont les avocats de M. Khalifa attendent des justifications. « Nous attendons à ce que le parquet général apporte des preuves de son accusation et nous sommes prêts à répondre », ajoute l’un des avocats de Khalifa, Me Medjouda Merouane, qui nous confirme « des divergences de vues » entre lui et son confrère Me Lezzar notamment pour ce qui a trait à la demande de report du procès.
« Bataille judiciaire »
Le premier avocat de Abdelmoumene Khalifa, Me Nasserdine Lezzar a demandé en effet l’arrêt des procédures judicaires dont a fait l’objet son mandant et le report du procès, arguant que l’accusé n’a pas été auditionné par le juge d’instruction conformément à l’article 66 du code pénal. Le ministère public a répondu par l’article 93 du code des procédures pénales relatif au prévenu en état de fuite, où le juge a le droit de le faire comparaitre devant le tribunal pénal sans son audition par le juge d’instruction.
Le juge Antar Menouar observe attentivement cet échange solennel qu’il qualifie de « bataille judiciaire » avant de décider de la poursuite du procès au grand dam de l’avocat. » C’est ce même magistrat qui a auditionné Abdelmoumene Khalifa le 6 avril dernier qui est en train de le juger aujourd’hui, et cela est une atteinte au principe de la séparation de l’instruction et du jugement, conformément à l’article 66 du code des procédures pénales », a expliqué Me Lezzar dans une déclaration à Maghreb Emergent. L’avocat de Khalifa, Me Medjouda confirme par ailleurs que son mandant à qui il a rendu visite très récemment à la prison d’El Harrach, est certes fragile, mais reste « optimiste et même confiant » sur le déroulement et l’issue du procès.
Le procès peut s’étaler sur deux mois
Le Juge a prévu au début de l’audience que ce procès « pourrait s’étaler sur deux mois ou plus ». A cet effet, deux magistrats en été désignés dans l’après midi pour suppléer le magistrat principal. Il s’agit de Lahcène Belaid et Lamrani Naima du Tribunal de Blida. Le juge a ensuite procédé au tirage au sort pour désigner deux assesseurs principaux et deux assesseurs supplémentaires pour accompagner le procès.
La première journée de ce procès s’est terminée par la lecture de l’arrêt de renvoi de 255 pages par le greffier et se poursuivra aujourd’hui par l’audition des accusés.