Un homme est mort le 13 mai dernier dans un commissariat de police à Sidi Bouzid. Il est le 5eme décès enregistré dans les geôles tunisiennes entre 2013 et 2015. HRW a appelé les autorités tunisiennes à ‘’mener rapidement une enquête exhaustive’’ sur cette mort suspecte.
Les décès dans les commissariats de police en Tunisie continuent. Après la mort ‘’suspecte’’ de deux personnes, Lotfi Hamida et Abdelmoneem Zayani dans les prisons de Messedine et d’El Mornaguia (près de Tunis), en avril dernier, selon l’Organisation contre la torture en Tunisie (OCTT), le décès de Abdelmajid Ejday dans une geôle de la garde nationale à Sidi Bouzid, dans le centre du pays, inquiète l’ONG Human Rights Watch (HRW). Dans un communiqué rendu public mercredi 19 mai 2015, cette ONG estime que les ‘’Autorités tunisiennes devraient mener rapidement une enquête exhaustive et impartiale sur les circonstances de la mort en garde à vue dans les locaux de la police d’un homme qui avait accusé celle-ci de l’avoir torturé lors d’une précédente détention’’. ‘’Abdelmajid Ejday est mort le 13 mai 2015, au quartier général de la Garde nationale à Sidi Bouzid’’, et ‘’il avait porté plainte quatre semaines auparavant pour torture contre des agents de police du même quartier qui l’avaient arrêté en février’’, accuse HRW. Selon la police et un rapport du médecin légiste, Ejday serait mort pendu dans sa cellule le 13 mai, vers 3h00 du matin. ‘’Les autorités tunisiennes doivent faire toute la lumière sur ce qui est arrivé à Abdelmajid Ejday’’, a déclaré Erc Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. ‘’Compte tenu des précédentes accusations de torture faites par Ejday à l’encontre de la police, il est particulièrement important qu’une enquête transparente et crédible soit effectuée sur les circonstances de sa mort.’’ Officiellement, Ejday avait été arrêté pour vol. Le tribunal de Sidi Bouzid n’avait pas ouvert d’enquête sur les allégations de torture au moment de la mort d’Abdelmajid Ejday, a indiqué son avocat à Human Rights Watch.
La police Tunisienne, récidiviste
Les actes de torture commis par la police sur des suspects pendant leur détention demeurent un problème en Tunisie. La même ONG a noté au moins deux précédents cas de mort suspecte de détenus lors de leur garde à vue depuis 2013 : ceux de Mohamed Ali Snoussi le 3 octobre 2014 et de Walid Denguir le 1er novembre 2013. Dans son rapport mondial 2014, Amnesty International écrit, à propos de la Tunisie que ‘’la Constitution adoptée en janvier contenait des garanties importantes dans le domaine des droits humains. Les autorités ont toutefois continué de restreindre la liberté d’expression et d’association. De nouvelles informations ont fait état d’actes de torture infligés à des détenus ; deux personnes au moins ont été victimes d’homicides manifestement illégaux et imputables à la police’’. La révolution de Jasmin, qui a fait dégager le régime de Benali est partie de Sidi Bouzid, lorsque Mohamed Bouazizi s’était immolé pour protester contre les violences policières. Juan Mendez, le rapporteur de l’ONU sur la torture en Tunisie est catégorique: »la torture persiste en Tunisie », même après la chute du régime de Benali.