L’ancien joueur international de football algérien et ex-entraineur du Nasr Hussein Dey (NAHD) Meziane Ighil, a comparu mardi dans le cadre du procès de la Khalifa Bank pour répondre des chefs d’accusation d’abus de confiance, constitution d’association de malfaiteurs, détournement et dilapidation de l’argent public. Inculpé en 2007 et condamné à trois ans de prison, cet ancien joueur puis entraîneur de l’équipe nationale parait très harassé de devoir répondre à nouveau aux juges après avoir purgé sa peine.
Il a été interrogé par le juge sur la genèse du financement par le groupe Khalifa du club dont il était le manager principal au début des années 2000, avant d’en devenir le président.
Ighil Meziane, natif d’Hussein Dey, a expliqué que la direction du Nahd avait formulé une demande de financement à toutes les entreprises susceptibles de l’extraire de la crise financière qu’il traversait.
Aucune entreprise n’a répondu favorablement, a-t-il indiqué, excepté le groupe Khalifa, dont le patron Abdelmoumene, fils de Khalifa Laaroussi, ancien dirigeant du club, s’avère être un fervent supporteur.
Le groupe Khalifa a renfloué les caisses du Nahd en versant entre 5 à 6 milliards de centimes/ an, en plus de l’offre des services de transport gratuits. L’argent du sponsoring était versé sur le compte ouvert dans l’agence des Abattoirs de Hussein Dey.
Meziane Ighil a ouvert à cette même période un compte auprès de l’agence Khalifa de Blida, gérée à l’époque par Kechad Belaid, également mis en cause pour les mêmes chefs d’accusation et réputé proche de la famille Chachoua.
Meziane Ighil a déclaré avoir ouvert le compte à cette agence pour ses activités de commerce des équipements sportifs de la marque Puma, lancée à la demande d’un grand importateur qui voulait utiliser sa notoriété pour la promotion de la marque en Algérie, notamment auprès des équipes de football (CRB, USMB, RCK…).
Les recettes drainées par les équipes de football étaient versées à l’agence Khalifa de Chéraga, a souligné le ministère public. Meziane Ighil s’est défendu: « J’ai ouvert des comptes bancaires partout où j’ai travaillé, à Alger, à Tizi Ouzou et à Chlef, sans même penser à les fermer ».
Des regrets
Meziane Ighil est devenu à cette même période, le conseiller de la direction sportive du groupe Khalifa, dirigée par le journaliste sportif Maamar Djabour et de Mokkadem Tahar.
Il se déplaçait régulièrement avec Kechad Belaid et Chachoua Abdelhafidh pour rencontrer les directeurs des agences de l’OPGI à Annaba, Batna, Oum Al Bouagui, Skikda et Ain Timouchent.
Le tribunal se demande si Meziane Ighil n’était pas appelé à promouvoir la marque Khalifa et inciter les entreprises étatiques à déposer leurs fonds dans cette banque privée algérienne.
L’accusé qui a pris à ce moment-là la présidence du Nahd dit qu’il faisait cela de bonne foi, ajoutant qu’il faisait confiance à Abdelmoumene Khalifa. La seule chose qu’il regrette c’est de ne pas avoir demandé un contrat de travail pour justifier ses activités.
« Je ne regrette pas d’avoir travaillé pour Khalifa, ni de l’avoir aidé dans ce que j’ai pu. Je suis un homme qui n’a rien connu d’autre dans sa vie que le dur travail pour offrir une meilleure vie possible à sa femme et ses enfants. Je suis un homme discret et droit, je n’aime pas l’extravagance. J’ai travaillé dur pour le groupe Khalifa et pour mon équipe d’enfance ».
« Je n’ai pas besoin de voler »
La seule chose qu’il regrette, dit-il, est de ne pas avoir demandé de contrat de travail qui lui aurait de « compromettre » sa réputation et d’être injustement emprisonné pendant pendant trois ans.
La période d’incarcération a été dure mais le plus dur, a-t-il souligné, » c’était d’apprendre le décès de ma mère par le journal », dit-il ému et aux larmes.
« Je suis un entraineur, j’ai entrainé l’équipe nationale, des clubs algériens et étrangers. J’ai une retraite d’ancien footballeur international, je n’ai pas besoin de voler, d’abuser de la confiance des autres, encore moins de détourner » dit-il.
Avant de rejoindre le banc des accusés qu’il occupe depuis le début du procès, Meziane Ighil justifie l’achat du terrain, se trouvant entre Hussein Dey et Kouba, auprès du président de l’USMB, Mohamed Zaim, avec ses propres revenus d’entraineur international.
Sa villa à Dar Diaf (Chéraga) a été en partie payée par un crédit contracté auprès de l’agence Khalifa de Chéraga , explique-t-il. L’arrivée imprévue du liquidateur de la banque Moncef Badsi, l’a amené à stopper ses investissements pour rembourser ses dettes évaluées à un milliards de centime. Preuve irréfutable, selon lui, est qu’il n’avait pas bénéficié de privilèges, ni de traitement particulier.